dimanche 8 mai 2011

cb Pérou, populisme contre populisme ?

 
 
From: nicolas
Sent: Saturday, May 07, 2011 10:36 PM
To: Romain
Subject: Pérou, populisme contre populisme ?
 

Pérou, populisme contre populisme ?

Amériques :: Samedi, 16 avril 2011 :: Christian Bouchet :: Envoyer   Imprimer

http://www.geostrategie.com/ameriques/perou-populisme-contre-populisme/3174

Le 10 avril dernier, les péruviens votaient pour élire leur futur président. Si comme on s'y attendait, le candidat populiste « de gauche » Ollanta Humala est arrivé largement humalaen tête avec 31 % des suffrages, la surprise a été créée par la percée du candidat populiste « de droite » Keiko Fujimori (1). Tous les deux ont écrasé les candidats libéraux qui portaient les espoirs du FMI et de la Banque mondiale et ils s'affronteront donc lors d'un second tour en juin prochain. Suite à l'annonce de ces résultats la bourse de Lima a connu une chute de 15 % due, selon l'hebdomadaire la Semana Economica, à « un vent de panique venant des investisseurs locaux et étrangers (…) à cause du résultat probable du 2ème tour où on s'attend à voir triompher Humala. »

Il est vrai que, bien qu'il ait mis récemment beaucoup d'eau dans son vin, Ollanta Humala a tout pour effrayer les nantis, les libéraux et les agents de l'étranger…

Leader du Parti nationaliste péruvien, il a insisté durant sa campagne sur le fait que le couple présidentiel qu'il formait avec son épouse Nadine Heredia, était le seul à être 100 % péruvien de souche, puisque ses quatre challengers étaient pour deux d'entre eux d'origine étrangère (américano-polonaise et japonaise) et pour les deux autres mariés à des gringas (une franco-belge et une américaine)…

Plus encore Humala, est apparu vêtu en indien à plusieurs reprises lors de meetings, revendiquant ainsi son appartenance au peuple autochtone, alors que la quasi-totalité du monde politique péruvien et de son élite sociale est issue d'une immigration européenne, nord-américaine ou asiatique récente.

Ce faisant, Ollanta Humala n'a pas adopté ce que les journalistes européens ont défini comme un positionnement « populiste de gauche ». Il est tout simplement resté fidèle à l'engagement politique de sa famille.

Un engagement pour le moins surprenant qui se nomme l'ethnocacerisme. Ce néologisme associe la notion d'ethnie – qui doit être comprise comme l'ethnie autochtone des Péruviens, c'est-à-dire les indiens – au nom d'un général-président du pays au XIX° siècle, Andres Avelino Caceres, célèbre pour son nationalisme.

Le Mouvement ethnocacériste péruvien, en tant que tel, a été créé en 1989, par Isaac Humala, par ailleurs fondateur de l'Institut des études ethnogéopolitiques. Cet avocat issus du marxisme a développé une vision de l'histoire et de la géopolitique toute entière basée sur la race. Parmi les quatre qu'il identifie sur terre, il fait ressortir que la seule véritable race prolétaire est la « cuivrée », celle des amérindiens. Ainsi, le mouvement ethnocacériste milite pour que les peules autochtones des Amérique se libèrent et reprennent leur place dans l'Histoire. Ce qui passe, à ses yeux, pour l'Amérique latine par la création d'une patrie indigène, d'un « nouvel Empire Inca » comprenant des territoires situés aujourd'hui au Pérou, en Bolivie, en Équateur, au Chili et dans une partie de l'Argentine, ce qui réaliserait ainsi partiellement et sur une base ethnique le rêve bolivarien d'une Amérique latine unie.

Isaac Humala, qui se vante d'être un lointain descendant de hauts fonctionnaires de l'Empire Inca eut deux fils, Antauro et Ollanta, a qui il donna la meilleure éducation qu'il soit et qu'il poussa vers le métier des armes, leur inculquant l'idée qu'un jour, par un coup d'État militaire, ils accèderaient à la direction du Pérou et rétabliraient leur race dans ses droits.

En 2000, c'est Ollanta qui passa le premier à l'action en tentant de renverser Alberto Fujimori. Le golpe échoua, mais la destitution de Fujimori en novembre de la même année entraîna sa libération presque immédiate.

En 2004, ce fut au tour d'Antauro. À la tête d'un groupe de militants en armes, il s'empare de la ville d'Andahuaylas d'où il appela les indiens des Andes à la révolte. L'armée et la police réduisirent, au bout de plusieurs jours, l'insurrection et le chef des putschistes fut condamné à vingt-cinq années de prison qu'il purge actuellement.

Ces deux échecs firent réfléchir Ollanta Humala. Il décida de quitter la voie des armes pour celle des urnes. Pour ce faire, il fonda le Parti nationaliste péruvien et il se présenta à l'élection présidentielle de 2006. Arrivé en tête au premier tour, il fut battu au second par Alan Garcia, le candidat libéral soutenu par les États-Unis qui avait mené une active campagne de démonisation contre lui en l'accusant pêle-mêle d'être un nazi, un communiste, un va-t-en guerre, etc., qui ne manquerait pas de plonger le Pérou dans le chaos s'il était élu.

Cinq ans se sont écoulés durant lesquels Ollanta Humala a policé son image sans renoncer à ses fondamentaux. Dans le même temps, la politique libérale a montré que si elle profitait à une très petite partie de la population péruvienne, elle contribuait surtout à accentuer la paupérisation des classes sociales moyennes et inférieures, tandis que le patrimoine national était bradé aux trust multinationaux ce qui accentuait la crise économique dans le pays. Tant et si bien que le candidat ethnocaceriste ne fait maintenant plus peur et que son rejet du libéralisme, son désir de nationaliser les succursales locales des grandes sociétés étrangères et sa volonté de donner aux indiens et aux métis, qui constituent la majorité de la population pauvre, un niveau de vie décent, recueillent de plus en plus d'écho.

Dans les barrios péruviens on croise les doigts, et on espére que, fin juin, Evo Morales et Hugo Chavez auront un nouvel allié, et qu'un pays d'Amérique latine de plus aura échappé à la mainmise yankee.




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