jeudi 29 octobre 2009

Le secret de Guantánamo

 

From: Thierry Meyssan
Sent: Thursday, October 29, 2009 8:29 PM
Subject: Le secret de Guantánamo


Vous pensez être informé sur ce qui s'est passé à Guantánamo et vous vous étonnez que le président Obama n'arrive pas à fermer ce centre de torture. Vous avez tort. Vous ignorez la véritable finalité de ce dispositif et ce qui le rend indispensable à l'administration actuelle.
Attention : si vous souhaitez continuer à penser que nous avons des valeurs communes avec les États-Unis et que nous devons être alliés avec eux, abstenez-vous de lire cet article.

 

Les USA, Empire de la barbarie
Le secret de Guantánamo
par Thierry Meyssan*

Vous pensez être informé sur ce qui s'est passé à Guantánamo et vous vous étonnez que le président Obama n'arrive pas à fermer ce centre de torture. Vous avez tort. Vous ignorez la véritable finalité de ce dispositif et ce qui le rend indispensable à l'administration actuelle.
Attention : si vous souhaitez continuer à penser que nous avons des valeurs communes avec les États-Unis et que nous devons être alliés avec eux, abstenez-vous de lire cet article.




28 octobre 2009

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Thèmes
 Torture

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Détenu sortant d'une séance de conditionnement à Guantánamo.

Chacun se souvient de ces photographies de tortures qui circulaient sur Internet. Elles étaient présentées comme les trophées de guerre de quelques GI's. Néanmoins, les grands médias, ne pouvant en vérifier l'authenticité, n'osaient pas les reproduire. En 2004, la chaîne CBS y consacra un reportage. Ce fut le signal d'un grand mouvement de dénonciation des mauvais traitements infligés aux Irakiens. La prison d'Abu Ghraib montrait que la prétendue guerre contre la dictature de Saddam Hussein était en réalité une guerre d'occupation comme les autres, avec le même cortège de crimes. Sans surprise, Washington assura qu'il s'agissait d'exactions perpétrées à l'insu du commandement par quelques individus non-représentatifs, qualifiés de « pommes pourries ». Quelques soldats furent arrêtés et jugés pour l'exemple. Le dossier était clos jusqu'aux prochaines révélations.

Simultanément, la CIA et le Pentagone préparaient l'opinion publique aux États-Unis et dans les États alliés à changer de valeurs morales. L'Agence avait nommé un agent de liaison avec Hollywood, le colonel Chase Brandon (un cousin de Tommy Lee Jones) et engagé de célèbres écrivains (comme Tom Clancy) et scénaristes pour écrire de nouveaux films et séries télévisées. Le but : stigmatiser la culture musulmane et banaliser la torture dans la lutte contre le terrorisme.
À titre d'exemple, les aventures de l'agent Jack Bauer, dans la série 24H, ont été abondamment subventionnées par l'Agence pour que chaque saison repousse un peu plus loin les limites de l'acceptable. Dans les premiers épisodes, le héros intimide des suspects pour leur extorquer des renseignements. Dans les épisodes suivants, tous les personnages se soupçonnent les uns les autres, et se torturent à leur tour, avec de moins en moins d'états d'âme et de plus en plus de certitude du devoir à accomplir. Dans l'imaginaire collectif, des siècles d'humanisme furent balayés et une nouvelle barbarie s'imposa. Le chroniqueur du Washington Post, Charles Krauthammer (par ailleurs médecin psychiatre) pouvait présenter l'usage de la torture comme « un impératif moral » (sic) en ces temps troublés de guerre contre le terrorisme.

Vint la confirmation par l'enquête du sénateur suisse Dick Marty au Conseil de l'Europe que la CIA avait enlevé des milliers de personnes dans le monde, dont des dizaines, voire des centaines sur le territoire de l'Union européenne. Puis ce fut l'avalanche de témoignages sur les crimes perpétrés dans les prisons de Guantánamo (Caraïbes) et de Baghram (Afghanistan). Parfaitement conditionnée, l'opinion publique des États membres de l'OTAN accepta l'explication qu'on lui donna et qui cadrait si bien avec les intrigues romanesques dont elle était abreuvée : pour sauver des vies d'innocents, Washington avait recours à des pratiques clandestines ; on enlevait des suspects et on les faisait parler par des méthodes que la morale réprouve mais que l'efficacité commande.
C'est à partir de cette narration simpliste que le candidat Barack Obama s'est dressé contre l'administration Bush sortante. Il a érigé l'interdiction de la torture et la fermeture des prisons secrètes en mesures phares de son mandat. Dès son élection, durant la période de transition, il s'est entouré de juristes de très haut niveau qu'il a chargé d'élaborer une stratégie pour clore ce sinistre épisode. Une fois installé à la Maison-Blanche, il a consacré ses premiers décrets présidentiels à la mise en œuvre de ses engagements en la matière. Cet empressement a conquis l'opinion publique internationale, a suscité une immense sympathie pour le nouveau président et a rénové l'image des États-Unis dans le monde.

Seulement voilà : un an après l'élection de Barack Obama, si quelques centaines de cas individuels ont été réglés, rien n'a changé sur le fond. Guantánamo est là et ne sera pas fermé dans l'immédiat. Les associations de défense des droits de l'homme sont formelles : les violences contre les détenus ont empiré.
Interrogé à ce sujet, le vice-président Joe Biden a déclaré que plus il avançait dans ce dossier, plus il découvrait des aspects qu'il ignorait jusque là. Puis, énigmatique, il a mis en garde la presse, assurant qu'il ne fallait pas ouvrir la boîte de Pandore.
De son côté, Greg Craig, le conseiller juridique de la Maison-Blanche, a souhaité présenter sa démission, non qu'il considère avoir failli à sa mission de fermer le centre, mais parce qu'il estime désormais qu'on lui a confié une tache impossible.

Pourquoi donc le président des États-Unis ne parvient-il pas à se faire obéir ? Si l'on a déjà tout dit sur les exactions de l'ère Bush, pourquoi évoquer une boîte de Pandore et que craindre ?

C'est qu'en réalité, le système est plus vaste. Il ne se limite pas à quelques enlèvements et à une prison. Surtout, sa finalité est radicalement différente de ce que la CIA et le Pentagone ont fait croire.
Avant de commencer notre descente aux enfers, il convient de lever une confusion.

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Le secrétaire à la défense Donald Rumsfeld a participé aux réunions du Groupe des Six chargé de choisir les tortures mises en œuvres par les forces US. Ici, il visite la prison d'Abu Graib (Irak).

Contre-insurrection

Ce qui a été fait par l'Army à Abu Ghraib, du moins au début, n'avait rien à voir avec ce qui est expérimenté par la Navy à Guantánamo et dans ses autres prisons secrètes. Il s'agissait simplement de ce que font toutes les armées du monde lorsqu'elles se transforment en police et affrontent une population hostile. Elles la dominent en la terrorisant. En l'occurrence, les Forces de la Coalition ont reproduit les crimes commis lors de la Bataille d'Alger par des Français contre des Algériens qu'ils appelaient encore leurs « compatriotes ». Le Pentagone a rappelé le général français à la retraite Paul Aussaresses, spécialiste de la « contre-insurrection », pour qu'il briefe les officiers supérieurs.

Durant sa longue carrière, Aussaresses a accompagné les États-Unis partout où ils ont livré des « guerres de basse intensité », principalement en Asie du Sud-Est et en Amérique latine.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis installent deux centres de formation à ces techniques, la Political Warfare Cadres Academy (Taiwan) et la School of Americas (Panama). Des cours de torture y furent dispensés aux responsables de la répression dans les dictatures asiatiques et latino-américaines. Dans les années 60-70, ce dispositif fut coordonné au sein de la World Anti-Communist League, où siégeaient les chefs d'État concernés [1]. Cette politique prit une ampleur considérable lors des opérations Phoenix au Vietnam (neutralisation de 80 000 individus soupçonnés d'appartenir au Viet Cong) [2]et Condor en Amérique latine (neutralisation des opposants politiques à l'échelle du continent) [3]. Le schéma articulant des opérations de nettoyage de zones insurgées à des escadrons de la mort a été appliqué à l'identique en Irak, notamment lors de l'opération Iron Hammer [4].
La seule nouveauté est la distribution aux GI's d'un classique de la littérature coloniale, The Arab Mind, de l'anthropologue Raphael Patai, avec une préface du colonel Norvell B. De Atkine, patron de la John F. Kennedy Special Warfare School, nouvelle dénomination de la sinistre School of Americas depuis qu'elle a été déménagée à Fort Bragg (Caroline du Nord) [5]. Ce livre, qui présente sur un ton savant des préjugés stupides sur les « arabes » en général, comprend un célèbre chapitre sur les tabous sexuels qui a inspiré les mises en scène d'Abou Ghraib.

Les tortures commises en Irak ne sont pas des cas isolés, comme l'a feint l'administration Bush, mais s'intègrent dans une stratégie de contre-insurrection. Le seul moyen d'y mettre fin, ce n'est pas de les condamner moralement, c'est de résoudre la situation politique. Or Barack Obama repousse toujours à plus tard le retrait des forces étrangères d'Irak.

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Auteur à succès, inventeur de la psychologie positive, professeur à l'université de Pennsylvanie et ancien président de l'American Psychological Association, Martin Seligman a supervisé les tortures expérimentées sur les prisonniers à Guantanamo.

Les expériences du professeur Biderman

C'est dans une toute autre perspective qu'un psychiatre de l'Armée de l'air, le professeur Albert D. Biderman, étudia pour la Rand Corporation le conditionnement des prisonniers de guerre US en Corée du Nord.
Bien avant Mao et le communisme, les Chinois avaient mis au point des méthodes raffinées pour briser la volonté d'un détenu et lui inculquer des aveux. Il les avaient utilisées durant la guerre de Corée et avaient obtenu quelques résultats : des prisonniers de guerre US avouant avec conviction devant la presse des crimes qu'ils n'avaient peut-être pas commis. Biderman présenta ses premières observations lors d'une audition au Sénat, le 19 juin 1956, puis à l'Académie de médecine de New York, l'année suivante (Voir documents téléchargeables ci-dessous). Il distingua cinq stades par lequel passent les « sujets ».

- 1. Tout d'abord le prisonnier refuse de coopérer et se mure dans le silence.
- 2. Par un mélange de brutalités et de gentillesse, on peut le faire passer à un second stade où il va être conduit à se défendre de ce dont on l'accuse.
- 3. Puis, le prisonnier commence à coopérer. Il continue à clamer son innocence, mais il cherche à satisfaire ses interrogateurs en reconnaissant qu'il a peut être commis une faute sans le vouloir, par accident ou par inadvertance.
- 4. Lorsqu'il traverse la quatrième phase, le prisonnier est complètement dévalorisé à ses propres yeux. Il persiste à nier ce dont on l'accuse, mais il confesse sa nature criminelle.
- 5. À la fin du processus, le prisonnier admet être l'auteur des faits qu'on lui reproche. Il invente même des détails supplémentaires pour s'accuser et réclame son châtiment.

Biderman examine également toutes les techniques utilisées par les tortionnaires chinois pour manipuler les prisonniers : isolation, monopolisation de la perception sensorielle, fatigue, menaces, gratifications, démonstrations de puissance des geôliers, dégradation des conditions de vie, contrainte. La violence physique est secondaire, la violence psychologique est totale et permanente.

Les travaux de Biderman sur le « lavage de cerveau » ont acquis une dimension mythique. Les militaires US ont craint que leurs hommes puissent être retournés par l'ennemi, conditionnés pour dire n'importe quoi et peut être pour faire n'importe quoi. Ils ont donc conçu un programme d'entrainement de leurs pilotes de chasse de sorte que ceux-ci deviennent réfractaires à cette forme de torture et ne puissent être retournés par l'ennemi s'ils étaient faits prisonniers. Cette formation est nommée SERE, acronyme de Survivre, s'Évader, Résister, s'Échapper (Survival, Evasion, Resistance, Escape). Si initialement le cours était donné à la School of Americas, il a été étendu aujourd'hui à d'autres catégories de personnel militaire et est dispensé sur plusieurs bases. En outre des formations de cette nature ont été instituées dans chaque armée membre de l'OTAN.

Ce que l'administration Bush a décidé, après l'invasion de l'Afghanistan, c'est d'utiliser ces techniques pour inculquer des aveux à des prisonniers qui justifieraient ainsi, a posteriori, l'implication de l'Afghanistan dans les attaques du 11-Septembre et validerait la version officielle des attentats.

De nouvelles installations ont été construites sur la base navale de Guantánamo et des expériences y ont été menées. La théorie d'Albert Biderman a été complétée par un psychologue civil, le professeur Martin Seligman. C'est une personnalité très en vue qui a été notamment président de l'American Psychological Association.

Seligman a montré une limite de la théorie des réflexes conditionnés d'Ivan Pavlov. On place un chien dans une cage dont le sol est divisé en deux parties. On électrifie aléatoirement un côté ou l'autre du sol. L'animal saute d'un endroit à l'autre pour se protéger — jusque là, rien de surprenant—. Puis, on accélère les choses et parfois on électrifie toute la cage. L'animal se rend compte qu'il ne peut pas s'échapper et que ses efforts sont vains. Bientôt, il renonce, s'allonge sur le sol et entre dans un état second qui lui permet de supporter passivement la souffrance. On ouvre alors la cage. Surprise : l'animal ne fuit pas. Dans l'état psychique où il s'est placé, il n'est plus en mesure de s'opposer. Il reste allongé à endurer la douleur.

La Navy a constitué une équipe médicale de choc. Elle a notamment fait venir à Guantánamo le professeur Seligman. Ce praticien est une star, connue pour ses travaux sur la dépression nerveuse. Ses ouvrages sur l'optimisme et la confiance en soi sont des best-sellers mondiaux.
C'est lui qui a supervisé des expériences sur cobayes humains. Certains prisonniers, soumis à de terribles tortures, finissent spontanément par se placer dans cet état psychique qui leur permet de supporter la douleur, mais les prive de toute capacité de résistance.
En les manipulant ainsi, on les amène rapidement au stade 3 du processus de Biderman.

S'appuyant toujours sur les travaux de Biderman, les tortionnaires états-uniens, guidés par le professeur Seligman, ont expérimenté et amélioré chaque technique coercitive.
Pour ce faire, un protocole scientifique a été élaboré qui se base sur la mesure des fluctuations hormonales. Un laboratoire médical a été installé à Guantánamo. Des prélèvement de salive et de sang sont opérés à intervalles réguliers sur les cobayes pour évaluer leurs réactions.
Les tortionnaires ont sophistiqué leurs crimes. Par exemple, dans le programme SERE, on monopolisait la perception sensorielle en empêchant le prisonnier de dormir avec une musique stressante. Ils ont obtenu des résultats bien supérieurs en diffusant des cris de bébés inconsolables durant des journées d'affilée. Ou encore, on manifestait la toute puissance des geôliers par des passages à tabac. À Guantánamo, ils ont créé l'Immediate Reaction Force. Il s'agit d'un groupe chargé de punir les prisonniers. Lorsque cette unité entre en action, ses membres sont revêtus de cuirasses de protection à la Robocop. Ils extraient le prisonnier de sa cage et le placent dans une pièce dont les murs ont été capitonnés et tapissés de contreplaqué. Ils projettent le cobaye contre les murs, comme pour le fracasser, mais le contreplaqué amortit partiellement les chocs de sorte qu'il soit hébété, mais que ses os ne soient pas brisés.
Le progrès principal a été réalisé pour le supplice de la baignoire. Jadis la Sainte Inquisition plongeait la tête d'un prisonnier dans une baignoire et l'en retirait juste avant qu'il ne meure noyé. La sensation de mort imminente provoque l'angoisse maximale. Mais le procédé était primitif et les accidents fréquents. Désormais le prisonnier n'est plus plongé dans une baignoire pleine, mais attaché allongé dans une baignoire vide. On le noie en lui versant de l'eau sur la tête avec la possibilité d'arrêter instantanément. Les accidents sont plus rares. Chaque séance a été codifiée pour déterminer les limites du supportable. Des assistants mesurent la quantité d'eau utilisée, le moment et la durée de la suffocation. Lorsque celle-ci intervient, ils récupèrent les vomissures, les pèsent et les analysent pour évaluer l'énergie dépensée et l'épuisement qui s'ensuit.
Ainsi que le résumait le directeur adjoint de la CIA devant une Commission parlementaire : « Cela n'a rien à voir avec ce que faisait l'Inquisition, à part l'eau » (sic).

Les expériences des médecins états-uniens n'ont pas été conduites en secret comme celles du docteur Josef Mengele à Auschwitz, mais sous le contrôle direct et exclusif de la Maison-Blanche.
Tout a été rapporté à un groupe décisionnaire composé de six personnes : Dick Cheney, Condoleezza Rice, Donald Rumsfeld, Colin Powell, John Ashcroft et George Tenet, qui a témoigné avoir participé à une douzaine de ces réunions de travail.

Le résultat de ces expériences est néanmoins décevant. Rares sont les cobayes qui se sont avérés réceptifs. Il a été possible de leur inculquer des aveux, mais leur état est resté instable et il n'a pas été possible de les produire en public face à des contradicteurs.
Le cas le plus connu est celui du pseudo-Khalil Sheikh Mohammed. Il s'agit d'un individu arrêté au Pakistan et accusé d'être un islamiste koweïtien, bien qu'il ne s'agisse manifestement pas de la même personne. Après avoir été longuement torturé et avoir notamment été soumis 183 fois au supplice de la baignoire durant le seul mois de mars 2003, l'individu a reconnu être Khalil Sheikh Mohammed et s'est accusé d'avoir organisé 31 attentats différents aux quatre coins du monde, de celui au WTC de New York en 1993, en passant par la destruction à la bombe d'une boîte de nuit à Bali et la décapitation du journaliste Daniel Pearl jusqu'aux attentats du 11 septembre 2001. Le pseudo-Sheikh Mohammed a maintenu ses confessions devant une commission militaire, mais il n'a pas été possible aux avocats et juges militaires de le questionner en public, tant on craignait que, hors de sa cage, il ne revienne sur ses aveux.

Pour masquer les activités secrètes des médecins de Guantánamo, la Navy a organisé des voyages de presse à l'attention de journalistes complaisants. Ainsi, l'essayiste français Bernard Henry Lévy a-t-il volontiers joué le témoin de moralité en visitant ce qu'on a bien voulu lui montrer. Dans son livre American Vertigo, il assure que cette prison ne diffère pas des autres pénitenciers états-uniens et que les témoignages de sévices qu'on y pratiquerait [« ont été plutôt gonflés » (sic) [6]

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Une des prisons off shore de l'US NAvy. Ici l'USS Ashland. La cale à fond plat a été aménagée pour recevoir des cages de prisonniers sur plusieurs niveaux.

Les prisons off shore de la Navy

En définitive, l'administration Bush a estimé que fort peu d'individus étaient conditionnables au point de croire avoir commis les attentats du 11-Septembre. Elle en a conclu qu'il fallait tester un très grand nombre de prisonniers pour sélectionner les plus réceptifs.

Compte tenu de la polémique qui s'est développée autour de Guantánamo et afin d'être sûr de ne pas être poursuivable en justice, la Navy a créé d'autres prisons secrètes et les a placées hors de toute juridiction, dans les eaux internationales.

17 bateaux à fond plat, du type de ceux utilisés pour les débarquements de troupes, ont été aménagés en prisons flottantes avec des cages comme à Guantánamo. Trois ont été identifiés par l'association britannique Reprieve. Il s'agit de l'USS Ashland, l'USS Bataan et l'USS Peleliu.

Si l'on additionne la totalité des personnes qui ont été faites prisonnières en zone de conflit ou enlevées n'importe où dans le monde et transférées dans cet ensemble de prisons au cours des huit dernières années, ce sont au total 80 000 personnes qui auraient transité dans le système, dont moins d'un millier auraient été poussées vers les stades ultimes du processus de Biderman.

Dès lors le problème de l'administration Obama se résume ainsi : il ne sera pas possible de fermer Guantánamo sans révéler ce qui y a été fait. Et il ne sera pas possible de reconnaître ce qui y a été fait, sans admettre que tous les aveux recueillis sont faux et ont été délibérément inculqués sous la torture, avec les conséquences politiques que cela implique.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, douze procès furent jugés par le tribunal militaire de Nüremberg. L'un fut consacré à 23 médecins nazis. 7 furent acquittés, 9 furent condamnés à des peines de prison et 7 furent condamnés à mort. Depuis, un Code éthique régit la médecine au plan international. Il interdit précisément ce que les médecins états-uniens ont fait à Guantánamo et dans les autres prisons secrètes.

Documents joints

 

« Communist attempts to elicit false confessions from Air Force prisoners of war », par Albert D. Biderman

Bulletin New York Academy of Medecine 1957 Sep ;33(9):616-25.


(PDF - 964 ko)
 

 

« The Manipulation of Human Behavior », sous la direction d'Albert D. Biderman et Herbert Zimmer

John Wiley & Sons, Inc., New York (1961).


(PDF - 2.4 Mo)
 

 

Documents déclassifiés par la Commission des forces armées du Sénat des États-Unis, attestant l'usage des tortures de conditionnement à Guantanamo.

U. S. The Senate Armed Services Committee, 17 juin 2008.


(PDF - 3 Mo)
 

 Thierry Meyssan

Analyste politique français, président-fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for Peace. Il publie chaque semaine des chroniques de politique étrangère dans la presse arabe et russe. Dernier ouvrage publié : L'Effroyable imposture 2, éd. JP Bertand (2007).


Les articles de cet auteur
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Cet article a été initialement publié dans l'édition de l'hebdomadaire russe Odnako datée du 19 octobre 2009.



[1] « La Ligue anti-communiste mondiale, une internationale du crime », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 12 mai 2004.

[2] « Opération Phénix », par Arthur Lepic, Réseau Voltaire, 16 novembre 2004.

[3] Lire l'ouvrage de référence Operación Cóndor, Pacto criminal de notre collaboratrice l'historienne Stella Calloni. « Stella Calloni presentó en Cuba su libro "Operación Cóndor, Pacto criminal" », 16 février 2006. Voir également sur la Red Voltaire : « Berríos y los turbios coletazos del Plan Cóndor », por Gustavo González, 26 avril 2006. « Los militares latinoamericanos no saben hacer otra cosa que espiar », por Noelia Leiva, 1er avril 2008. « El Plan Cóndor universitario », par Martin Almada, 11 mars 2008.

[4] « Opération "Marteau de fer" », par Paul Labarique, Réseau Voltaire, 11 septembre 2003.

[5] The Arab Mind, par Raphael Patai, préface de Norvell B. De Atkine, Hatherleigh Press, 2002.

[6] American vertigo, par Bernard-Henry Lévy, Grasset & Fasquelle 2006.


lundi 26 octobre 2009

Quand Obama décrète la loi martiale aux USA....

 

From: Comité Valmy
Sent: Monday, October 26, 2009 10:45 AM
Subject: Quand Obama décrète la loi martiale aux USA


Grippe H1N1 : Obama proclame un état d'urgence sanitaire aux USA 24/10/2009-[17:26] - AFP

WASHINGTON, 24 oct 2009 (AFP) - Le président américain Barack Obama a proclamé un état d'urgence sanitaire aux Etats-Unis concernant l'épidémie de grippe H1N1, qualifiée de situation "d'urgence nationale", après le décès de plus de 1000 personnes dans le pays, a annoncé samedi la Maison Blanche.


Quand Obama décrète la loi martiale aux USA

- Texte publié le 06.05.2009 sur le blog indignites

John Smith, la soixantaine bien sonnée, rentrait chez lui à pieds dans la pénombre, le nez et la bouche protégés par un masque de chirurgien. Il frissonna en entendant les pas de la patrouille et pria le ciel de ne pas être interpellé : personne n'avait le droit de sortir après le couvre-feu mais il était médecin, il disposait donc d'une autorisation et tout était absolument en règle.

Il se souvint de la vie calme et tranquille qu'il avait menée jusqu'alors, entre sa femme et ses deux filles adultes un peu godiches que rien ne semblait pouvoir déloger, et à quel point il avait été à des lieues d'imaginer qu'un jour on l'aurait emmené au poste de police comme un criminel après une telle interpellation, comme ça c'était produit le mois dernier. Il lui avait alors fallu se justifier, promettre qu'il n'assistait à aucun rassemblement, expliquer pourquoi sa carte, à son avis, n'avait pu être validée par leur lecteur, il avait négligé de faire la mise à jour de la puce recommandée par le gouvernement. Il avait été relâché à l'aube après vérifications et longues attentes ; il n'y avait pas eu de conséquences graves mais cette mésaventure l'avait troublé au plus haut point.

Le pays entamait sa huitième semaine de Loi Martiale, Obama avait déplacé des troupes en Louisianne pour maintenir l'ordre troublé par des groupements d'anarchistes reliés à de vagues réseaux terroristes, et il avait fallu mater les manifestations organisées par les syndicalistes pour protester contre les conséquences désastreuses sur la vie des citoyens, de ce black out général qui semblait injustifié aux yeux de beaucoup. Les écoles et les églises étaient fermées, les rassemblements interdits : chacun est prié de garder pour soi microbes et virus. Les ouvriers eux, avaient osé, braver l'armée ici et là, lorsqu'ils voyaient, impuissants, que leurs patrons fermer les usines, empochaient des magots et allaient les investir ailleurs. Ils avaient été arrêtés et rossés, des troupes intervenaient ainsi lorsqu'une émeute se produisait quelque part.

John Smith, le médecin, le père de famille tranquille et paroissien modèle de la banlieue de Trenton avait été républicain jusqu'à soutenir Bush Jr. dans sa volonté d'exporter la démocratie et la liberté chez ces sauvages d'Irakiens à coups de bombes. Nom de D... il avait vu les deux tours s'écrouler, de ses yeux, de l'autre rive du fleuve, avec plein d'autres curieux qui s'étaient amassés là avec lui pour observer, incrédules, le feu qui ravageait les gratte-ciels, et il en avait perdu le sommeil pendant des mois. Et Bush avait raison. C'était un bon baptiste, comme lui, que Dieu le guide, on allait nettoyer Saddam et Ben Laden et God bless America !

A présent il n'était plus très sûr. Il avait voté Mc Cain sans convictions, pensait qu'Obama pourrait avoir des sympathies communistes et craignait pour l'avenir du pays, avec cette crise et cette grippe bizarre qui ne se répandait pas tant que ça après tout. John se sentait pris d'une profonde nostalgie pour l'époque de son enfance et pour les tartes aux pommes de sa mère, qu'aucune autre femme n'a jamais pu égaler sur ce point. Obama allait-il sauver l'Amérique ? Il semblait à John Smith que les prévisions pessimistes de l'OMS et le classement de la pandémie au niveau 6 étaient largement surestimées, pourtant, c'est cet état d'alerte qui résonne à présent comme un pétard mouillé, combiné à l'Authorization Rights de 2007, qui a permis au gouvernement d'instaurer la loi martiale dans le pays. Une angoisse diffuse crispait l'estomac de John Smith lorsqu'il pensait à l'avenir.

La patrouille approchait, instinctivement, le médecin fit une manoeuvre désespérée pour se fondre dans l'ombre d'un porche mais tout à coup, deux soldats firent irruption devant lui. Il s'entendit dire, d'une voix blanche :

- Bonsoir Monsieur. D'où venez-vous et où allez-vous ? Vous avez une autorisation pour sortir après le couvre-feu ? Votre carte d'identité s'il vous plaît.

John plongea la main à l'intérieur de son pardessus pour en sortir son portefeuille et il fut immédiatement mis en joue par deux mitraillettes surgies de nulle part. Dans la nuit déserte, avec tous les luminaires éteints, John ressentit un grand moment de peur et de solitude face à ces militaires qui avaient désormais tous pouvoirs sur lui. Il sortit lentement la main de sa poche et, comme pour prouver sa grande honnêteté, tendit son portefeuille tout entier à son interlocuteur, qui le saisit et le fouilla.

- Je suis médecin. J'étais à River Street, une petite urgence.
- Une petite urgence ?
- Oui, je veux dire : rien de grave. Un gamin qui s'est ouvert le bras en tombant d'un arbre, il a suffi de quelques points de suture...

John s'interrompit brusquement. Il n'y avait rien de plus ajouter, en un moment de stress, il en avait déjà trop dit. Après tout, il était médecin et sa profession exigeait, qu'il puisse se déplacer à tout instant pour soigner ses malades un point c'est tout. Il n'était pas un terroriste ! Pourquoi se justifier sans cesse ? Il habitait ce quartier depuis quarante ans, ces contrôles étaient humiliants.

Le soldat emporta la carte d'identité et le permis de conduire de John à quelques pas de là, jusqu'à cet ordinateur qu'ils promenaient avec eux, pour vérifier tout ça avec les bases de données centrales. Les soldats n'avaient toujours pas baissé leur fusil. Un autre insista

- L'identité du patient ?

John Smith, déjà las et ne pensant qu'à en finir, se soumit sans résistance :

- Le jeune Lindbergh au 32 River Street.
- Merci, un instant s'il vous plaît.

John se demandait si ils allaient vérifier cette histoire de gamin blessé. Il avait dit la vérité, il ne craignait donc rien. Mais lorsqu'il vit le soldat insérer sa carte d'identité dans le lecteur électronique, il se mit à craindre que pour une raison quelconque la puce ne révèle quelque chose de terrible sur son compte aux soldats, ou que le lecteur n'affiche un truc du genre :"Amenez ce gars au poste right now"

- Vous avez été interpellé le mois dernier ?

John acquiesca d'un air inquiet.

- Tout est en ordre.

Les soldats baissèrent leur armes, John se sentit profondément soulagé.

- On vous appelle souvent pour des urgences ?

Il répondit, avec comme un reproche dans la voix :

- Je ne traite plus que ça, des urgences. Les patients ne peuvent plus venir me consulter, c'est donc moi qui les visite. C'est pour cela que j'ai une autorisation, et ce soir j'aurais dû être tranquille car je ne suis pas de garde mais ces gens m'ont appelé et comme c'est à deux pas je m'y suis rendu à pieds.

Le militaire l'interrompit :

- Vous reportez tous les cas de H1N1 soupçonnés ou avérés que vous êtes amenés à rencontrer aux autorités sanitaires comme l'exige la loi ?

Rien qu'à la tournure de la phrase, John Smith se dit que le soldat récitait. Il avait à faire à un gars pas forcément très futé, qui suit une procédure bien établie mais qui allait pas lui chercher des poux comme celui de l'autre patrouille, qui avait fini par l'embarquer pour un tas d'obscures vérifications nocturnes annexes. Ce type là, au moins, il suffisait juste de répondre par oui ou non c'était facile.

- Oui Monsieur.

Le soldat lui rendit enfin son portefeuille :

- Rentrez chez vous, Monsieur

John Smith le rangea dans sa poche.

- Merci Monsieur, bonne soirée.

En rentrant chez lui à grand pas, John Smith se demandait si la loi martiale serait un jour levée, si les choses redeviendraient jamais "comme avant", avant la pandémie, avant la crise, ou mieux encore, avant le 11/09/2001.


Grippe A / H1N1 : aux USA les opposants à la vaccination obligatoire paieront le prix fort !

http://www.agoravox.tv/article.php3 ?id_article=23513

Une nouvelle loi votée dans l'Etat du Massachusetts impose 1000 dollars d'amende par jour et une peine privative de liberté pour refus de vous soumettre à la force publique si les autorités décrétent l'Etat d'urgence en matière de santé publique. La polémique portant sur les vaccinations contre la grippe porcine prend de l'ampleur un peu partout. Les autorités américaines notamment, savent que beaucoup de leurs concitoyens sont extrêmement inquiets au sujet de la sécurité de ce vaccin fabriqué à la va vite et cherchent à contrer les contestataire par des lois coercitives. Reste à savoir maintenant si nous glisserons à notre tour subrepticement dans cette voie. Après l'avoir suggéré publiquement et "pris la température", ces temps ci les autorités cherchent plus à convaincre par la propagande médiatique qu'à contraindre. A celles et ceux qui veulent disposer librement de leur corps, ne baissons pas la garde !


vendredi 23 octobre 2009

Bon accueil de l'OTAN au nouveau projet antimissile US

Tout simplement: Obama poursuit la sale politique de guerre impérialiste et de domination mondiale du massacreur Bush un peu autrement et partout, surtout en Europe, les inconditionnels suppôts (de "gauche", comme de droite) de l' Amérique applaudissent... A quel prix ??? 
RoRo
 
 
 

From: MSN Politique
Sent: Friday, October 23, 2009 4:25 PM
Subject: Bon accueil de l'OTAN au nouveau projet antimissile US


Bon accueil de l'OTAN au nouveau projet antimissile US
 
 
23.10.2009 16:19

Bon accueil de l'OTAN au nouveau projet antimissile US

Le nouveau projet de défense antimissile pour l'Europe proposé par les Etats-Unis a été bien accueilli par les alliés européens, a affirmé vendredi le secrétaire américain à la Défense Robert Gates.

"J'en ai retiré l'impression d'un assez large soutien des alliés à notre nouvelle approche", a déclaré M. Gates après avoir exposé les plans américains. La question sera débattue par les ministres des Affaires étrangères début décembre à Bruxelles, puis lors du prochain sommet de l'OTAN à Lisbonne. Le 17 septembre, les Etats-Unis ont renoncé à leur premier projet de bouclier antimissile, une dizaine de missiles intercepteurs basés en Pologne couplés à un radar en République tchèque. Washington a opté à la place pour un projet ciblant les engins à moyenne portée que des pays comme l'Iran détiennent et qui pourraient un jour menacer l'Europe. (NLE)


mercredi 21 octobre 2009

LML 20 oct: La contestation constitutionnelle de US Steel

 

From: LML
Sent: Wednesday, October 21, 2009 2:34 PM
To: lml@cpcml.ca
Subject: LML 20 oct: La contestation constitutionnelle de US Steel

Le Marxiste-Léniniste

Numéro 182 - 20 octobre 2009

La contestation constitutionnelle de US Steel


Le 26 septembre 2005: Les métallos de la section locale 1005 du syndicat des Métallos à Hamilton et leurs
supporters manifestent sur la colline parlementaire à Ottawa à la défense des réclamations légitimes des
travailleurs canadiens à la richesse qu'ils produisent.
La contestation constitutionnelle de US Steel
• L'objectif de US Steel et ce que le Parlement canadien doit faire immédiatement pour défendre la souveraineté et les droits des Canadiens - K. C. Adams
• La fausse identité des intimés qui prétendent être le rapport social US Steel Canada - K. C. Adams

===

http://www.cpcml.ca/francais/index.html

ABONNEMENT:
Vous ou quelqu'un d'autre avez demandé que votre adresse soit ajoutée à la liste d'envoie du LMLQ. Si vous désirez que votre adresse soit retirée, de la liste, écrivez à postmaster@cpcml.ca


lundi 19 octobre 2009

JEUDI, 22 octobre, de 11h à 13h : George W. Bush à Montréal -- persona non grata !

 

From: Antonio Artuso
Sent: Monday, October 19, 2009 6:43 PM
To: 00-artusoantonio
Subject: JEUDI, 22 octobre, de 11h à 13h : George W. Bush à Montréal -- persona non grata !


Prière de diffuser ce message - Pour recevoir ou ne plus recevoir mes messages ou m'envoyer vos commentaires, écrivez à :   Antonio Artuso, Montréal, Canada - pueblo@sympatico.ca

Please circulate this message - To receive my messages, to be removed from my list or to send comments, please write to:           Antonio Artuso, Montreal, Canada - pueblo@sympatico.ca

Por favor difundir este mensaje - Para recibir mis mensajes, dejar de recibirlos o enviar sus comentarios escriba para:                 Antonio Artuso, Montreal, Canadá - pueblo@sympatico.ca


 

----- Original Message -----

From: Échec à la guerre

To: info@echecalaguerre.org

Sent: Monday, October 19, 2009 6:37 AM

Subject: JEUDI, 22 octobre, de 11h à 13h : George W. Bush à Montréal -- persona non grata !

 

Jeudi le 22 octobre, la Chambre de Commerce de Montréal convie ses membres et amis fortunés (400 $ par personne) à une Conversation avec George W. Bush où ce dernier « livrera ses réflexions sur les huit années déterminantes qu'il a passées à la Maison Blanche et discutera des enjeux mondiaux du 21e siècle ».


=======================================

Rassemblement de protestation !

en face de l'Hôtel Reine-Élizabeth
900 boul. René-Lévesque ouest
de 11 h à 13 h.

=======================================

 

pour protester contre 8 "années déterminantes"...

  • de guerres d'agression (Afghanistan et Irak)
  • de pratique et de justification de la torture
  • de politiques économiques désastreuses
  • de politiques environnementales catastrophiques
  • de politiques anti-femmes, anti-populaires, ...

Lisez la déclaration endossée par 500 signataires et publiée dans l'édition de samedi dernier du Devoir :

http://www.echecalaguerre.org/assets/files/acceuil/bush_persona_non_grata.pdf

 

 


mercredi 14 octobre 2009

Roman Polanski a beaucoup d'amis ...

 

From: Reprise d'article.
Sent: Wednesday, October 14, 2009 8:32 PM
Subject: Roman Polanski a beaucoup d'amis


Par Katha Pollitt,

Alors que le rappel à la loi et la célébration de l'ordre sont les maîtres mots du régime Sarkozy, voilà que les amis se pressent autour d'un cinéaste inculpé pour viol sur mineure : devenu victime d'une « Amérique qui fait peur », selon Frédéric Mitterrand, Roman Polanski se voit magiquement exonéré – au nom de son âge, de son oeuvre, de sa vie – de toute responsabilité vis-à-vis de la justice. Quelques mois plus tôt, rappelons-le, c'est une autre victime de la « censure » que défendait le ministre de la culture français : Orelsan, un chanteur auteur de paroles d'une violence sexiste inouïe, dont la présence à des événements culturels subventionnés par la puissance publique avait suscité quelques remous. Voilà donc quels sont les individus qui, en France, bénéficient des indignations officielles, qui font naître les grandes causes nationales menées au nom de la « liberté » ! La suite française de l'affaire Polanski (le retour sur le livre de Frédéric Mitterrand dans lequel il raconte ses séjours sexuels passés en Thaïlande) illustre ce qui devient un fonctionnement structurel dans la France de Sarkozy : CRS et management pour la France d'en bas, toujours soupçonnée de paresse et de désobéissance, de sexisme et de racisme ; tolérance, compassion et impunité, au nom de leur « talent », pour les puissants, la jet set et les artistes de cour. L'actualité montre que la question des violences sexuelles suscite les doubles standards les plus hallucinants : ainsi, alors que pour les classes populaires on ne jure plus que par la « tolérance zéro », les « peines planchers », voire la « castration chimique des délinquants sexuels », Michèle Alliot-Marie estime, à propos de Frédéric Mitterrand, qu' « il faut permettre à chacun d'avoir fait des fautes, de s'en repentir et d'avoir toujours une deuxième chance » ! Dans ce contexte, il nous a semblé particulièrement utile de publier l'article consacré par l'essayiste étasunienne Katha Pollitt à l'effrayante mobilisation des « ami-e-s » de Polanski. Traduit par Nellie Dupont, il est reproduit ici avec l'autorisation de l'auteure.

Si un violeur échappe à la justice assez longtemps, le monde doit-il lui donner les moyens de ne pas passer par la case prison ? Si vous êtes le célèbre réalisateur Roman Polanski, beaucoup de gens talentueux et très connus vous répondront que oui. En 1977 à Los Angeles, après avoir drogué et violé une jeune fille de 13 ans en la sodomisant, Polanski avait plaidé coupable d'un crime requalifié en « relations sexuelles avec mineur » pour fuir en Europe juste avant que la peine ne soit prononcée.

Aujourd'hui, 32 ans plus tard, il vient d'être arrêté en Suisse alors qu'il se rendait au Festival du film de Zurich, et cela suscite l'indignation d'une communauté de célébrités internationales telles que : Salman Rushdie, Milan Kundera, Martin Scorsese, Pedro Almodovar, Woody Allen (on ne ricane pas au fond), Isabelle Huppert, Diane de Furstenberg, et beaucoup, beaucoup d'autres. Bernard Henri-Lévy, qui a joué un rôle essentiel dans l'organisation de ce comité de soutien, a déclaré que Polanski avait « peut-être commis une erreur de jeunesse » (il avait 43 ans au moment des faits).

Arborant un badge rouge sur lequel on pouvait lire « Libérez Polanski », Debra Winger, présidente du jury du Festival de Zurich, qualifia l'action des autorités suisses de « complot philistin ». Frédéric Mitterand, le ministre français de la Culture et de la Communication, déclara que l'arrestation « montrait le visage d'une Amérique qui nous fait peur » et présenta Polanski comme « jeté en pâture pour une histoire ancienne ». Le ministre des Affaires Etrangères Bernard Kouchner, co-fondateur de Médecins sans Frontières, déclara l'affaire « sinistre ».

Plus près de chez nous, Whoopi Goldberg expliqua dans The View que son crime n'était pas à proprement parlé du « viol-viol » mais, juste, vous savez, un viol. Ah, ça ! L'éditorialiste Anne Applebaum minimisa le crime dans le Washington Post. D'abord, elle ne prend pas en compte les véritables circonstances du crime (les drogues, le non consentement, la sodomie, etc), mais ensuite elle affirme qu' « il n'y aucune preuve que Polanski connaissait vraiment son âge ». Dans le genre argument désespéré… Polanski, qui devait ensuite entretenir une liaison avec Nastassja Kinski alors âgée de 15 ans, a pourtant ouvertement parlé de son penchant pour les très jeunes filles.

Le rédacteur en chef du Nation Katrina vanden Heuvel, qui d'abord admit avec surprise sur Twitter être d'accord avec Applebaum, a revu sa position : « Je renie mon soutien à Applebaum. Je pense que Polanski ne devrait pas bénéficier d'un traitement de faveur. La question qui se pose à présent est de savoir ce qui doit être fait pour que la justice soit rendue au mieux. Doit-il rentrer pour purger sa peine ? Y a-t-il d'autres moyens envisageables ? En même temps, je pense que les erreurs de procédures invoquées par la défense doivent être prises en compte dans cette affaire ».

Dans une contribution au New York Times, l'écrivain de pacotille Robert Harris rendit hommage à son grand ami Polanski, qui vient juste de terminer le tournage d'une adaptation d'un de ses romans : « Son passé ne m'intéresse pas. » Ceci nous en dit long sur ce que pense Harris des crimes sexuels, mais en quoi est-ce un argument dans l'affaire Polanski ?

Y'a un truc que je ne saisis tout simplement pas. Je comprends que Polanski a connu bien des tragédies au cours de sa vie, qu'il a fait des films magnifiques, qu'il a 76 ans, qu'un documentaire de 2008 a semé le doute quant à l'impartialité du juge (voyez en revanche l'article de Bill Wyman dans Salon, pour une convaincante mise au point sur cette affaire). Je comprends aussi que sa victime, qui a maintenant 44 ans, dit qu'elle a pardonné Polanski et voudrait que l'affaire soit classée parce qu'à chaque fois qu'elle refait surface, elle est à nouveau traînée dans la boue. Et c'est sans doute ce qui est en train de se passer en ce moment.

Dans le Huffington Post, une expatriée, admiratrice de Polanski, Joan Z. Shore (qui se présente comme co-fondatrice d'une organisation féministe belge pour l'égalité) écrit : « C'est la mère de la jeune mannequin de 13 ans "séduite" par Polanski qui avait poussé sa fille dans les bras du réalisateur parce qu'elle voulait qu'elle fasse une carrière dans le cinéma. La fille allait fêter son 14e anniversaire quelques semaines plus tard, elle n'était donc pas très loin de l'âge la majorité sexuelle fixée à 14 ans en Californie. (A présent ça doit même être 13 !) » Sauf qu'en fait, en 1977, en Californie, la majorité sexuelle était fixée à 16 ans. Aujourd'hui, elle est fixée à 18 ans sauf dans le cas où le partenaire n'a pas trois ans de plus. Pourtant, on retrouve l'argument de Shore (selon lequel Polanski fut la victime d'une nymphette et des manœuvres de sa mère) partout sur internet.

Les faits : Ce qui s'est passé n'est pas juste une vague et sordide affaire de cul dans laquelle deux versions s'affrontent. Un homme de 43 ans s'est débrouillé pour se retrouver seul avec une jeune fille de 13 ans, la faire boire, lui a fait prendre des sédatifs puissants, et après avoir vérifié où elle en était avec ses règles, l'a violée en la sodomisant, à deux reprises, alors qu'elle protestait ; elle s'est finalement laissée faire comme elle l'a dit devant un grand jury « parce que j'avais peur. » Ces faits sont avérés, ils ne sont contestés que par Polanski qui a cherché à dédramatiser plusieurs fois. On lui a permis de plaider coupable pour des faits requalifiés en délit, comme c'est le cas pour beaucoup de violeurs, pour éviter à la victime le traumatisme d'un procès et sa médiatisation. Mais cela ne doit pas pour autant nous laisser croire qu'il ne s'agissait que d'une affaire de libertinage. La victime mit des années à s'en remettre.

Les faits : En février 2008, le juge de la Cour supérieure de Los Angeles, Peter Espinosa reconnut à Polanski le droit de contester le jugement. Pour cela il doit tout simplement revenir aux Etats-Unis et se soumettre à la procédure. En quoi est-ce injuste ? S'il n'était pas ce réalisateur connu de part le monde et entouré d'une pléthore d'amis influents, mais un criminel sexuel lambda, penserait-on que c'est trop lui demander que de se soumettre à la procédure comme n'importe qui ?

C'est vraiment rageant de voir des superstars littéraires qui n'arrêtent pas de parler de dignité humaine, de droits humains et même de droits des femmes (surtout quand celles-ci sont Musulmanes) qui, ou bien ne considèrent pas que ce que Polanski a fait soit un viol, ou s'en moquent parce qu'après tout, il s'agit de Polanski : un artiste comme eux. Que des personnes qui le soutiennent soient des femmes est encore plus décevant.

Ne voient-elles pas qu'elles acceptent des arguments qui accusent la victime, minimisent le viol, et même, tirés par les cheveux, servent à exonérer le coupable. Une erreur de jeunesse, une mauvaise appréciation de l'âge de la jeune fille, une petite salope, une mère calculatrice, est-ce à ce genre de choses là qu'on doit penser quand des hommes s'attaquent à des gamines de collège ?

Le large soutien qu'a reçu Polanski nous donne à voir une élite culturelle bien-pensante sous son pire jour : pleine d'auto-suffisance et de bêtise. Ils font peut-être de grands films, écrivent de grands livres, créent de très beaux objets, ont sans doute de grandes idées humanistes et se soucient certainement de toutes les grandes causes justes (comme l'égalité devant la loi). Mais en l'occurrence, ils ne sont que le pendant blanc et cultivé des fans de R. Kelly [1] et Chris Brown [2] et autres supporters sportifs qui soutiennent d'emblée leurs athlètes préférés dès qu'ils sont accusés d'avoir frappé leur femme ou d'avoir violé des employées d'hôtel.

Pas étonnant que l'Américain moyen les déteste.

L'article original a été publié aux Etats-Unis dans The Nation (01/10/2009).

[1] En 2002, une bande vidéo montre le chanteur de R'nB, R. Kelly ayant des rapports sexuels avec une jeune fille de 14 ans. Il plaidera non coupable. Il sera finalement acquitté en 2008. NdlaT.

[2] Chris Brown, chanteur de R'nB et de Hip Hop, s'est excusé publiquement d'avoir battu sa compagne la chanteuse Rihanna. NdlaT.


Obama et le prix Nobel : Lorsque la guerre devient la paix, lorsque le mensonge devient vérité par Michel Chossudovsky

 

From: Comité Valmy
Sent: Wednesday, October 14, 2009 7:35 PM
Subject: Obama et le prix Nobel : Lorsque la guerre devient la paix, lorsque le mensonge devient vérité par Michel Chossudovsky


Lorsque la guerre devient la paix,

Lorsque les concepts et les réalités sont sens dessus dessous,

Lorsque la fiction devient vérité et que la vérité devient fiction,

Lorsqu'un programme militaire mondial est annoncé comme un effort de paix,

Lorsque l'on maintient que la tuerie de civils est un « dommage collatéral »,

Lorsque ceux qui résistent à l'invasion de leur pays par les États-Unis et l'OTAN sont qualifiés d'« insurgés » ou de « terroristes »,

Lorsque l'on affirme que la guerre nucléaire préventive constitue de l'autodéfense,

Lorsque la torture et des techniques d'« interrogation » avancées sont utilisées couramment afin de « protéger les opérations de maintien de la paix »,

Lorsque le Pentagone claironne que les armes nucléaires tactiques sont « inoffensives pour la population civile environnante »,

Lorsque les trois quarts des revenus de l'impôt fédéral des particuliers des États-Unis sont alloués au financement de ce que l'on appelle euphémiquement la « défense nationale »,

Lorsque l'on présente le commandant en chef de la plus grande force militaire de la planète Terre comme un artisan de la paix,

Lorsque le mensonge devient vérité.

La « Guerre sans frontières » d'Obama

Nous sommes au carrefour de la crise la plus sérieuse de l'histoire moderne. Les États-Unis en partenariat avec l'OTAN et Israël ont lancé une aventure militaire mondiale, laquelle menace, de manière très réelle, le futur de l'humanité.

À ce moment critique de notre histoire, la décision du comité Nobel norvégien de décerner le prix Nobel de la paix au président et commandant en chef Barack Obama constitue un parfait outil de propagande et de manipulation, soutenant sans réserve la « Longue guerre » du Pentagone : « Une guerre sans frontières » dans le vrai sens du terme, caractérisée par le déploiement planétaire de la puissance militaire des États-Unis.

Outre la rhétorique diplomatique, il n'y a pas eu de renversement significatif de la politique étrangère des États-Unis par rapport à la présidence de George W. Bush, ce qui aurait pu justifier un tant soit peu l'octroi du prix Nobel à Obama. En fait c'est plutôt le contraire. Le programme militaire d'Obama a cherché à élargir la guerre à de nouvelles frontières. Avec une nouvelle équipe de conseillers militaires et de conseillers en politique étrangère, le programme guerrier d'Obama a été bien plus efficace dans la promotion de l'escalade militaire que ne l'a été celui des néoconservateurs.

Depuis les débuts de la présidence d'Obama ce projet militaire mondial est devenu de plus en plus omniprésent, avec le renforcement de la présence militaire étatsunienne dans toutes les grandes régions du monde ainsi que le développement de systèmes d'armement perfectionné dans des proportions sans précédent.

Accorder le prix Nobel de la paix à Barack Obama donne de la légitimité aux pratiques illégales de la guerre, à l'occupation militaire de pays étrangers et à la tuerie incessante de civils au nom de la « démocratie ».

À la fois l'administration Obama et l'OTAN menacent directement la Russie, la Chine et l'Iran. Sous Obama, les États-Unis développent un « système de bouclier antimissile mondial contre les premières frappes » :

« Avec les armes spatiales, le laser aéroporté constitue la prochaine frontière de la défense. […] Le rêve de Ronald Reagan de défense multicouche antimissile – qui se résume à la Guerre des étoiles – n'a jamais été si près de se réaliser, du moins d'un point de vue technologique. »

Le 11 août, en réaction à cette consolidation de modernisation et de perfectionnement du potentiel étatsunien de frappe nucléaire mondiale, le commandant en chef des Forces aériennes russes – le même Alexander Zelin cité plus tôt à propos des menaces de frappes étatsuniennes en provenance de l'espace sur toute la Russie – a déclaré que les « Forces aériennes russes se préparent à faire face aux menaces résultant de la création du Global Strike Command au sein des Forces aériennes étatsuniennes » et que la Russie développe « des systèmes appropriés pour faire face aux menaces qui pourraient survenir ». (Rick Rozoff, Showdown with Russia and China : U.S. Advances First Strike Global Missile Shield System, Global Research, 19 août 2009)

Depuis la crise des missiles de Cuba, jamais le monde n'a été aussi près de l'impensable : un scénario de Troisième Guerre mondiale, un conflit militaire planétaire impliquant l'utilisation d'armes nucléaires.

1. Le soi-disant bouclier antimissile, ou initiative de Guerre des étoiles, comportant l'utilisation d'armes nucléaires pour les premières frappes sera dorénavant développé mondialement, dans différentes régions du monde. Ce bouclier est largement dirigé contre la Russie, la Chine, l'Iran et la Corée du Nord.

2. De nouvelles bases militaires étatsuniennes ont été établies dans le but à la fois d'instaurer des sphères d'influence étatsuniennes dans chaque région du monde, ainsi que d'entourer et de confronter la Russie et la Chine.

3. Il y a eu une escalade dans la guerre d'Asie Centrale et du Moyen-Orient. Le budget de la Défense sous Obama a monté en flèche avec l'augmentation des affectations en Afghanistan ainsi qu'en Irak.

4. Sous les ordres du président Obama, agissant à titre de commandant en chef, le Pakistan fait désormais l'objet de bombardements aériens de routine par les États-Unis, en violation de sa souveraineté nationale, en utilisant la « guerre mondiale au terrorisme » comme justification.

5. La construction de nouvelles bases militaires est envisagée en Amérique Latine, y compris en Colombie, à la frontière immédiate du Venezuela.

6. L'aide militaire à Israël a augmenté. La présidence Obama a exprimé son soutient inébranlable à Israël et à l'armée israélienne. Obama est demeuré muet en ce qui concerne les atrocités qu'Israël a commises à Gaza. Il n'y a même pas eu un semblant de reprise des négociations israélo-palestiniennes.

7. Il y a eu un renforcement des nouveaux commandements régionaux, incluant AFRICOM et SOUTHCOM.

8. Une nouvelle ronde de menaces a été dirigée contre l'Iran.

9. Les États-Unis sont résolus à encourager davantage de divisions entre le Pakistan et l'Inde, ce qui pourrait mener à une guerre régionale, ainsi qu'à l'utilisation de l'arsenal nucléaire indien comme moyen indirect de menacer la Chine.

Les grandes lignes de la nature diabolique de ce projet militaire ont été tracées dans le Project for a New American Century (PNAC) en 2000. Les objectifs du PNAC sont :

- défendre la patrie étatsunienne ;

- se battre et gagner résolument de multiples guerres de théâtre simultanées ;

- effectuer les tâches « constabulaires » associées au modelage de l'environnement sécuritaire dans des régions critiques ;

- transformer les forces étatsuniennes afin d'exploiter la « révolution dans les affaires militaires » Project for a New American Century, Rebuilding Americas Defenses.pdf, septembre 2000)

La « Révolution dans les affaires militaires » fait référence au développement de nouveaux systèmes d'armement perfectionné. La militarisation de l'espace, les nouvelles armes chimiques et biologiques, les missiles à guidage laser sophistiqués, les bombes antiblockhaus, sans parler du programme de guerre climatique des Forces aériennes étatsuniennes (HAARP) basé à Gokona en Alaska, font partie de l'« arsenal humanitaire » d'Obama.

Une guerre contre la vérité

Il s'agit d'une guerre contre la vérité. Lorsque la guerre devient la paix, le monde est tourné sens dessus dessous. La conceptualisation n'est alors plus possible et un système social inquisitorial émerge.

La compréhension des événements sociaux et politiques fondamentaux se voit remplacée par un monde de pure fantaisie, où rôdent des « êtres malfaisant ». L'objectif de la « guerre mondiale au terrorisme », entièrement cautionnée par l'administration Obama, a été de galvaniser l'appui de l'opinion publique pour une campagne mondiale contre l'hérésie.

Aux yeux de l'opinion publique, le fait de détenir une « cause juste » pour mener la guerre est essentiel. On dit d'une guerre qu'elle est « juste » si elle est menée pour des motifs moraux, religieux ou éthiques. Le consensus est en faveur de la guerre. Les gens ne peuvent plus penser par eux-mêmes. Ils acceptent l'autorité et la sagesse de l'ordre social établi.

Le comité Nobel estime que le président Obama a donné au monde « l'espoir d'un avenir meilleur ». Le prix est accordé en raison des

« efforts extraordinaires [d'Obama] pour renforcer la diplomatie internationale et la coopération entre les peuples. Le comité a attaché une importance particulière à la vision d'Obama d'un monde sans armes nucléaires ainsi qu'à son travail dans ce sens.

[…] Sa diplomatie se base sur le concept voulant que ceux qui mènent le monde doivent le faire sur la base des valeurs et des attitudes partagées par la majorité de la population du monde. » (Nobel Press Release, October 9, 2009)

L'octroi du prix Nobel de la « paix » au président Barack Obama est devenu partie intégrante de la machine de propagande du Pentagone. Il donne un visage humain aux envahisseurs, il confirme la diabolisation de ceux qui s'opposent aux interventions militaires étatsuniennes.

Il ne fait aucun doute que la décision de décerner le prix Nobel de la paix à Obama a été soigneusement négociée avec le comité norvégien aux plus hauts échelons du gouvernement des États-Unis et celle-ci a des profondes implications.

Cette décision soutient sans équivoque la guerre menée par les États-Unis comme une « juste cause ». Elle efface les crimes de guerre commis à la fois sous l'administration Bush et sous celle d'Obama.

Propagande de guerre : Jus ad Bellum

La théorie de la « guerre juste » sert à camoufler la nature de la politique étrangère étatsunienne, tout en conférant aux envahisseurs un visage humain.

À la fois dans sa version classique et contemporaine, la théorie de la guerre juste soutient la guerre comme « opération humanitaire ». Elle réclame l'intervention militaire sur des bases éthiques et morales contre les « insurgés », les « terroristes », les « États défaillants » ou les « États voyous ».

La guerre juste a été proclamée par le comité Nobel comme instrument de paix. Obama personnifie la « guerre juste ».

Enseignée dans les académies militaires, une version moderne de la théorie de la « guerre juste » a été incorporée dans la doctrine militaire étatsunienne. La « guerre au terrorisme » et la notion de « guerre préventive » sont basées sur le droit à l'« autodéfense ». Elles définissent « quand il est permis de mener la guerre » : jus ad bellum.

Jus ad bellum a servi à constituer un consensus au sein des structures de commandement des Forces armées. Ce principe a également contribué à convaincre les troupes qu'elles se battent pour une « cause juste ». De manière plus générale, la sa version moderne de la théorie de la guerre juste fait partie intégrante de la propagande de guerre et de la désinformation médiatique, utilisées pour obtenir l'appui du public pour un programme guerrier. Sous Obama en tant que lauréat du prix Nobel de la paix, la guerre juste devient acceptée universellement, cautionnée par la soi-disant communauté internationale.

Le but ultime est de maîtriser les citoyens, de dépolitiser complètement la vie sociale aux États-Unis et d'empêcher les gens de penser et de conceptualiser, d'analyser les faits et de contester la légitimité de la guerre menée par les États-Unis et l'OTAN.

La guerre devient la paix, une « entreprise humanitaire » qui en vaut la peine. La dissidence pacifique, elle, se transforme en hérésie.

Une escalade militaire au visage humain : le comité Nobel accorde le « feu vert »

De façon plus significative, le prix Nobel de la paix concède la légitimité à une « escalade » sans précédent des opérations militaires menées par les États-Unis et l'OTAN sous la bannière du rétablissement de la paix.

Il contribue à falsifier la nature de l'ordre du jour militaire des États-Unis et de l'OTAN.

Entre 40 000 et 60 000 troupes étatsuniennes et alliées de plus devraient être envoyées en Afghanistan sous une enseigne de rétablissement de la paix. Le 8 octobre, un jour avant la décision du comité Nobel, le Congrès étatsunien a entériné un projet de loi d'autorisation à la défense de 680 milliards de dollars, destiné à financer le processus d'escalade militaire :

« Washington et ses alliés de l'OTAN prévoient une augmentation sans précédent des troupes pour la guerre en Afghanistan, en plus des 17 000 nouvelles forces étatsuniennes et des milliers de forces de l'OTAN qui se sont jusqu'à présent dévouées à la guerre cette année. »

Selon des reportages jusqu'ici non corroborés concernant les demandes du commandant des États-Unis et de l'OTAN Stanley McChrystal et du président de l'Instance collégiale des chefs d'état-major Michael Mullen à la Maison-Blanche, le nombre de troupes varie de 10 000 à 45 000.

Fox News a cité des chiffres aussi élevés que 45 000 soldats étatsuniens de plus et ABC News jusqu'à 40 000. Le 15 septembre, le Christian Science Monitor mentionnait que cela irait « peut-être jusqu'à 45 00 ».

La similitude des évaluations indique que l'on s'est entendu sur un nombre et que les médias obéissants des États-Unis préparent l'auditoire national à l'éventualité de la plus grande escalade de forces armées étrangères de l'histoire de l'Afghanistan. Il y a sept ans seulement, les États-Unis avaient 5000 troupes dans le pays, mais planifiaient d'augmenter ce nombre à 68 000 pour décembre, avant même que ne surgissent les reportages pour de nouveaux déploiements. (Rick Rozoff, U.S., NATO Poised For Most Massive War In Afghanistan's History, Global Research, 24 septembre 2009)

Quelques heures après la décision du comité Nobel norvégien, Obama a rencontré le conseil de guerre ou peut-être devrions-nous le nommer « conseil de paix ». Cette réunion avait été soigneusement planifiée pour coïncider avec celle du comité Nobel.

Cette réunion clé derrière les portes closes de la salle de gestion de crise de la Maison-Blanche comprenait le vice-président Joe Biden, la secrétaire d'État Hillary Clinton, le secrétaire à la Défense Robert Gates, ainsi que d'importants conseillers politiques et militaires. Le général Stanley McChrystal a participé à la rencontre par vidéoconférence depuis Kaboul.

Le général Stanley McChrystal aurait offert au commandant en chef « plusieurs alternatives », « incluant un ajout maximal de 60 000 troupes supplémentaires ». Le nombre 60 000 a été cité à la suite d'une fuite du Wall Street Journal (AFP : After Nobel nod, Obama convenes Afghan war council, October 9, 2009)

Selon un représentant officiel de l'administration, « [l]e président a eu une conversation corsée sur la sécurité et les défis politiques en Afghanistan, et les options visant à élaborer une approche stratégique allant de l'avant ». (Cité dans AFP : After Nobel nod, Obama convenes Afghan war council October 9, 2009)

Le comité Nobel avait en un sens donné le feu vert à Obama. La réunion du 9 octobre dans la salle de gestion de crise avait pour but de jeter les bases d'une autre escalade du conflit sous le blason de la contre-insurrection et de l'instauration de la démocratie.

Entre-temps, au cours des derniers mois, les forces étatsuniennes ont intensifié leurs bombardements aériens de communautés villageoises dans les zones tribales du nord du Pakistan, sous l'emblème du combat contre Al Qaïda.

Traduction : Julie Lévesque pour Mondialisation.ca


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