mercredi 24 février 2010

[romain : paix_socialisme_communisme]: [alerte_otan] quand la CIA finançait la construction de l'europe libérale (comité Valmy)

 

From: nicolas
Sent: Wednesday, February 24, 2010 2:24 PM
To: Romain
Subject: [romain : paix_socialisme_communisme] Fwd: Fw: [alerte_otan] quand la CIA finançait la construction de l'europe libérale (comité Valmy)

 


----- Original Message -----
Sent: Sunday, February 21, 2010 9:50 PM
Subject: Re: [alerte_otan] quand la CIA finançait la construction de l'europe libérale (comité Valmy)

 

Sorry de l'attachement vide. Voici en clair le texte du message précédent. En ce qui concerne «la menace d'une invasion totale par l'Armée Rouge», je rappelle le commentaire que j'ai fait du livre de Daniele Genser "les Armées Secrètes de l'Otan" : http://www.csotan.org/textes/texte.php?art_id=479&type=articles - RM
 
++++++
 
Quand la CIA finançait la construction européenne - Par Rémi Kauffer
Source : Historia 2003
vendredi 19 février 2010, par Comité Valmy
 
Le Comité Valmy contribue à populariser des analyses diverses montrant le rôle moteur de l'impérialisme étatsunien dans le développement depuis la seconde guerre mondiale, de l'euro dictature supranationale et atlantiste. Dans cette démarche pédagogique, nous publions ce texte datant de 2003 de Rémi Kauffer. Il me semble souhaitable cependant d'y ajouter une précision : tout en laissant à Rémi Kauffer la responsabilité de sa vision idéologique qui transparait dans son article : " Tout commence à l'automne 1948. Déjà coupée en deux, l'Europe vit sous la menace d'une invasion totale par l'armée rouge"... j'ajoute simplement qu'en réalité rien ne commence véritablement en 1948. Le processus idéologique pour imposer une Europe fédérale est déjà entrepris entre les deux guerres mondiales.
 
Mais surtout pendant l'occupation allemande, les dirigeants américains hostiles à Charles de Gaulle, à Jean Moulin, à l'alliance des gaullistes et des communistes, au CNR etc., ont choisi le fédéralisme pour imposer ultérieurement, leur domination mondiale. Ils sélectionnent et rassemblent un vaste personnel politique apte à la vassalisation, idéologiquement ou moyennant finance, qu'ils utiliseront aprés la libération et dont les successeurs sont toujours au pouvoir aujourd'hui encore. Frenay dont le rôle réel reste à éclaircir, travaille au fédéralisme européen dès le début des années 40 ainsi que beaucoup d'autres. CB.
 
De 1949 à 1959, en pleine guerre froide, les Américains, par l'intermédiaire de leurs services secrets et du Comité pour l'Europe unie, versent l'équivalent de 50 millions de dollars actuels à tous les mouvements pro-européens, parmi lesquels ceux du Britannique Winston Churchill ou du Français Henri Frenay. Leur but, contenir la poussée soviétique...
 
A 82 ans, Henri Frenay, le pionnier de la Résistance intérieure, fondateur du mouvement Combat, arbore une forme intellectuelle éblouissante malgré sa surdité de l'oreille droite et sa récente opération de l'estomac. Pourtant, il n'a plus que trois mois à vivre. En ces jours de mai 1988, il me parle de l'Europe dans son appartement de Boulogne-sur-Seine. De cette Europe fédérale dont il a rêvé en vain entre 1948-1954. De la dette aussi que, en cas de succès, le Vieux Continent aurait contracté envers les Américains, ceux notamment du " Comité ". Et d'insister une fois, deux fois, dix fois, tandis que moi, je m'interroge : pourquoi diable ce mystérieux " Comité " revient-il à une telle fréquence dans nos conversations ? Pourquoi ? Mais parce que Frenay me confie, avec il est vrai d'infinies précautions de langage, son ultime secret : l'aide financière occulte de la CIA via l'American Committee for United Europe - le Comité - à l'Union européenne des fédéralistes dont il a été le président. Pour reconstituer cette filière inédite, il me faudra une quinzaine d'années. Un jeu qui en valait la chandelle puisqu'il me permet d'ouvrir, pour les lecteurs d' Historia, la porte d'un des compartiments les plus secrets de la guerre froide...
 
Tout commence à l'automne 1948. Déjà coupée en deux, l'Europe vit sous la menace (??????) d'une invasion totale par l'armée rouge. Au " coup de Prague " en février, vient de succéder en juin le blocus de Berlin. Un petit cénacle de personnalités de l'ombre jette alors les bases de l'American Committee for United Europe, l'ACUE - son existence sera officialisée le 5 janvier 1949 à la maison de la Fondation Woodrow-Wilson de New York. Politiques, juristes, banquiers, syndicalistes vont se méler au sein de son conseil de direction. De hautes figures gouvernementales aussi comme Robert Paterson, le secrétaire à la Guerre ; James Webb, le directeur du budget ; Paul Hoffman, le chef de l'administration du plan Marshall ; ou Lucius Clay, le " proconsul " de la zone d'occupation américaine en Allemagne.
 
Bien tranquilles, ces Américains-là ? Non, car la véritable ossature de l'ACUE est constituée d'hommes des services secrets. Prenez son président, William Donovan. Né en 1883 à Buffalo, cet avocat irlando-américain au physique de bouledogue, surnommé " Wild Bill " par ses amis, connaît bien l'Europe. En 1915, il y remplissait déjà une mission humanitaire pour le compte de la Fondation Rockefeller. Deux ans plus tard, Donovan retrouvait le Vieux Continent pour y faire, cette fois, une Grande Guerre magnifique. Redevenu civil, " Wild Bill " va se muer en missus dominicus du gouvernement américain. Ses pas d'émissaire officieux le portent vers l'Europe pour des rencontres parfois imprévues. En janvier 1923, alors qu'ils goûtent un repos bien mérité, sa femme Ruth et lui devront ainsi subir une soirée entière les vociférations d'un autre habitué de la pension Moritz de Berchtesgaden. Dix-sept ans plus tard, l'agité, un certain Adolf Hitler, s'est rendu maître de la partie continentale de l'Europe, et c'est " Wild Bill " que Franklin Roosevelt, inquiet, dépéche à Londres s'enquérir auprès de Winston Churchill du potentiel britannique face à l'avancée nazie.
 
En juin 1942, Donovan, homme de confiance du président démocrate pour les affaires spéciales, crée l'Office of Strategic Services (OSS), le service secret américain du temps de la Seconde Guerre mondiale dont il devient le chef et qu'il quittera à sa dissolution, en septembre 1945, sans perdre le contact avec l'univers du renseignement : " Wild Bill " tisse des liens privilégiés avec la Central Intelligence Agency, la CIA, créée officiellement le 15 septembre 1947 par une loi sur la sécurité nationale signée par le successeur de Roosevelt, Harry Truman.
 
Prenez le vice-président de l'ACUE Walter Bedell Smith, ancien chef d'état-major d'Eisenhower pendant la Seconde Guerre mondiale puis ambassadeur des Etats-Unis à Moscou. A partir d'octobre 1950, celui que ses amis surnomment le " Scarabée " ( beetle en anglais) va prendre les commandes de la CIA. 1950, c'est justement l'année o๠des universitaires comme Frederick Burkhardt et surtout William Langer, historien à Harvard, lancent la section culturelle de l'ACUE. Ces deux proches de Donovan ont servi autrefois dans les rangs de l'OSS. Langer en a dirigé le service Recherche et Analyse et, excellent connaisseur de la politique française, a même commis après-guerre un ouvrage savant qui s'efforçait de dédouaner Le Jeu américain à Vichy (Plon, 1948).
 
Prenez surtout Allen Dulles. A l'été 1948, c'est lui qui a " inventé " le Comité avec Duncan Sandys, le gendre de Churchill, et George Franklin, un diplomate américain. Principal associé du cabinet de juristes Sullivan & Cromwell, Dulles n'impressionne guère de prime abord avec ses fines lunettes, ses éternelles pipes de bruyère et ses vestes en tweed. Sauf qu'avec ce quinquagénaire, un maître espion entre dans la danse.
 
Retour à la case Seconde Guerre mondiale. Chef de l'OSS à Berne, Dulles noue en février 1943 des contacts avec la délégation de Combat en Suisse. Un temps, il assurera même le financement du mouvement clandestin. " Coup de poignard dans le dos du général de Gaulle ", s'insurge Jean Moulin au nom de la France libre. " Survie de la Résistance intérieure menacée d'étranglement financier ", rétorque Frenay. Pensant d'abord à ses camarades dénués de moyens, aux maquisards en danger, il ne voit pas pourquoi Combat devrait se priver d'un argent allié versé, c'est convenu, sans contrepartie politique. Cette " affaire suisse " va empoisonner un peu plus encore ses rapports avec Moulin.
 
En 1946, Dulles démissionne des services secrets... pour en devenir aussitôt l'éminence grise, prenant une part prépondérante à la rédaction du texte de loi présidentiel sur la sécurité nationale. Cofondateur à ce titre de la CIA (pour les initiés : l'Agence ou mieux, la Compagnie), Dulles pense qu'en matière d'action clandestine, privé et public doivent conjuguer leurs forces. C'est lui qui a déjà inspiré, par l'intermédiaire de ses amis du Brook Club de New York, le versement des subsides de grosses sociétés américaines à la démocratie chrétienne italienne menacée par un parti communiste surpuissant. En 1950, il va reprendre officiellement du service comme bras droit du Scarabée d'abord, comme son successeur à la téte de la CIA ensuite - de février 1953 à septembre 1961. Record de longévité d'autant plus impressionnant que son frère aîné John Forster Dulles, restera, lui, ministre des Affaires étrangères de 1953 à sa mort de maladie en mai 1959.
 
Etonnant creuset que l'ACUE, o๠des personnalités de la haute société et/ou de la CIA côtoient les dirigeants de la puissante centrale syndicale American Federation of Labor, l'AFL, dont ils partagent l'aversion du communisme. Exemples : David Dubinsky, né en 1892 à Brest-Litovsk, en Russie, dirige le Syndicat international de la confection pour dames (ILGWU) : 45 000 adhérents à son arrivée en 1932, 200 000 à la fin des années 1940 ! Ennemi acharné des nazis hier (les syndicalistes proches de l'ACUE sont presque tous juifs), c'est aux commies , les " cocos ", qu'il en veut dorénavant. Jay Lovestone aussi. Conseiller politique de l'AFL, ce Lituanien d'origine sait de quoi il parle : avant sa brutale exclusion puis sa lente rupture avec le marxisme, il fut, entre 1925 et 1929, le secrétaire général du PC américain ! Autre recrue de choix du Comité, Arthur Goldberg, le meilleur juriste de l'AFL. Futur secrétaire au Travail du président Kennedy puis juge à la Cour suprême, Goldberg, né en 1908, a dirigé l'aile syndicale de l'OSS. A ce titre, il fut en son temps le supérieur hiérarchique d'Irving Brown, son cadet de deux ans. Brown, représentant de l'AFL pour l'Europe et grand dispensateur de dollars aux syndicalistes modérés du Vieux Continent. Puisant dans les fonds secrets de la toute jeune CIA, laquelle finance depuis 1946 toutes les opérations anticommunistes de l'AFL, ce dur à cuire ne ménage pas, par exemple, son soutien à Force ouvrière, la centrale syndicale née fin 1947 de la scission de la CGT (lire " Derrière Force ouvrière, Brown, l'ami américain " dans Historia n° 621 de décembre 1997). Pure et dure, la ligne Brown contraste d'ailleurs avec celle, plus nuancée, de la CIA. A la Compagnie, on aurait préféré que les non-communistes restent dans le giron de la CGT, méme contrôlée par le PCF...
 
C'est qu'au-delà des hommes, il y a la stratégie d'ensemble. Face à l'Union soviétique, Washington développe deux concepts clés : le containment (l'endiguement) et plan Marshall. L'idée du containment , revient à un diplomate russophone, George Kennan, qui la développe dès juillet 1947 dans un article de la revue Foreign Affairs : " L'élément majeur de la politique des Etats-Unis en direction de l'Union soviétique doit étre celui d'un endiguement à long terme, patient mais ferme, des tendances expansionnistes russes. "
 
Le plan Marshall, lui, porte la marque de son inventeur le général George Marshall, chef d'état-major de l'US Army pendant la guerre, et désormais ministre des Affaires étrangères du président Truman. En apportant une aide massive aux pays d'Europe ruinés, les Etats-Unis doivent, selon lui, faire coup double : un, couper l'herbe sous le pied des partis communistes par une hausse rapide du niveau de vie dans les pays concernés ; deux, empécher leur propre industrie de sombrer dans la dépression en lui ouvrant de nouveaux marchés.
 
Pour le tandem Marshall-Kennan, pas de meilleur outil que la CIA (lire l'interview d'Alexis Debat, page 51). Et c'est naturellement un autre ancien de l'OSS, Franck Wisner Jr, qu'on charge de mettre sur pied un département autonome spécialisé dans la guerre psychologique, intellectuelle et idéologique, l'Office of Policy Coordination ! Si ce bon vieux " Wiz " ne fait pas partie du Comité, ses hommes vont lui fournir toute la logistique nécessaire. Mais chut ! c'est top secret...
 
L'ACUE allie sans complexe une certaine forme de messianisme américain avec le souci de la défense bien comprise des intéréts des Etats-Unis. Messianique, cette volonté bien ancrée de mettre le Vieux Continent à l'école du Nouveau Monde. Phare de la liberté menacée, l'Amérique a trouvé, la première, la voie d'une fédération d'Etats, succès si resplendissant que l'Europe n'a plus qu'à l'imiter... Cet européanisme made in Washington comporte sa part de sincérité : " Ils m'appellent le père du renseignement centralisé, mais je préférerais qu'on se souvienne de moi à cause de ma contribution à l'unification de l'Europe ", soupire ainsi Donovan en octobre 1952.
 
De sa part de calcul aussi. Car en décembre 1956, trois mois avant sa mort, le méme Donovan présentera l'Europe unie comme " un rempart contre les menées agressives du monde communiste ". En d'autres termes, un atout supplémentaire de la stratégie américaine conçue par Marshall, Kennan et leurs successeurs : construire l'Europe, c'est remplir un vide continental qui ne profite qu'à Staline, donc, en dernier ressort, protéger les Etats-Unis.
 
Ajoutons une troisième dimension. Dans l'esprit des hommes de la Compagnie, rien de plus noble qu'une action clandestine au service de la liberté. Tout officier de la CIA le sait : les Etats-Unis sont nés pour une bonne part du soutien des agents de Louis XVI, Beaumarchais en téte, aux insurgés nord-américains. Ainsi l'opération American Committee, la plus importante, et de loin menée, par l'Agence en Europe pendant la guerre froide, se trouve-t-elle justifiée par l'Histoire.
 
Pour chaleureuse qu'elle soit, l'amitié franco-américaine ne saurait toutefois distendre le " lien spécial " entre Grande-Bretagne et Etats-Unis. En foi de quoi, Comité et Compagnie tournent d'abord leur regard vers Londres. Hélas ! Churchill, battu aux législatives de 1945, ronge ses griffes dans l'opposition. Le nouveau secrétaire d'Etat britannique aux Affaires étrangères, Ernest Bevin, a bien proclamé le 2 janvier 1948 aux Communes : " Les nations libres d'Europe doivent maintenant se réunir. " N'empéche que ses collègues du cabinet travailliste et lui repoussent avec horreur la perspective d'une véritable intégration continentale. Non pas que Bevin craigne de s'affronter aux communistes : deux jours après son discours de janvier, il créait un organisme clandestin de guerre idéologique, l'Information Research Department. Ce méme IRD qui, jugeant La Ferme des animaux et 1984 plus efficaces que mille brochures de propagande, va contribuer à diffuser partout dans le monde les oeuvres de George Orwell. Mais la carte Europe unie, alors là , non !
 
Cette carte, Churchill la joue-t-il de son côté par conviction profonde ou par aversion pour ses rivaux politiques de gauche ? Le fait est que le 19 septembre 1946 à Zurich, le Vieux Lion appelle à un axe anglo-franco-allemand, élément majeur selon lui d'une " espèce d'Etats unis d'Europe ". Qu'en mai 1948, Duncan Sandys, taille aux mesures de son homme d'Etat de beau-père le Congrès européaniste de La Haye. Qu'en octobre 1948, Churchill crée l'United European Movement - le Mouvement européen. Qu'il en devient président d'honneur aux côtés de deux démocrates-chrétiens, l'Italien Alcide De Gasperi et l'Allemand Konrad Adenauer, et de deux socialistes, le Français Léon Blum et le Belge Paul-Henri Spaak. Malheureusement pour les " amis américains ", cette tendance " unioniste " ne propose, à l'exception notable de Spaak, que des objectifs européens limités. Reconstruction économique et politique sur une base démocratique, d'accord, mais sans transfert, méme partiel, de souveraineté.
 
Le Comité et la tendance " fédéraliste ", dont Henri Frenay émerge comme la figure emblématique, veulent, eux, aller beaucoup plus loin. Aux heures les plus noires de la Seconde Guerre mondiale, Frenay, patriote mondialiste, a conçu l'idée d'un Vieux Continent unifié sur une base supranationale. En novembre 1942, révélera quarante ans plus tard Robert Belot dans le remarquable travail sur Frenay qui vient de lui valoir l'habilitation à diriger des recherches à l'Université, le chef de Combat écrivait au général de Gaulle qu'il faudrait dépasser l'idée d'Etat-Nation, se réconcilier avec l'Allemagne après-guerre et construire une Europe fédérale. Logique avec lui-méme, Frenay se jette dès 1946 dans cette croisade européaniste aux côtés d'Alexandre Marc. Né Lipiansky à Odessa en 1904, ce théoricien du fédéralisme a croisé la trajectoire de Frenay à Lyon en 1941, puis après-guerre. A rebours de l'européanisme de droite inspiré des thèses monarchistes maurrassiennes ou du catholicisme social, les deux amis s'efforcent de gauchir le fédéralisme français alors fort de " plusieurs dizaines de milliers d'adhérents ", ainsi que me l'assurera l'ancien chef de Combat en 1988.
 
Orientée à gauche, l'Union européenne des fédéralistes, l'UEF, est créée fin 1946. Elle va tenir son propre congrès à Rome en septembre 1948. Frenay en devient le président du bureau exécutif, flanqué de l'ex-communiste italien Altiero Spinelli, prisonnier de Mussolini entre 1927 et 1937 puis assigné à résidence, et de l'Autrichien Eugen Kogon, victime, lui, du système concentrationnaire nazi qu'il décortiquera dans L'Etat SS (Le Seuil, rééd. 1993). A ces trois dirigeants d'atténuer le profond malaise né de la participation de nombreux membres de l'UEF au congrès de La Haye, o๠Churchill et son gendre Sandys les ont littéralement roulés dans leur farine " unioniste ".
 
Faut-il choisir entre le Vieux Lion et le pionnier de la Résistance intérieure française à l'internationalisme si radical ? Perplexité au Comité, donc à la CIA. Pour Churchill, sa stature d'homme d'Etat, d'allié de la guerre, sa préférence affichée pour le " grand large ", les Etats-Unis ; contre, son refus acharné du modèle fédéraliste si cher aux européanistes américains et bientôt, ses violentes querelles avec le très atlantiste Spaak. En mars 1949, Churchill rencontre Donovan à Washington. En juin, il lui écrit pour solliciter le versement de fonds d'urgence (très riche à titre personnel, l'ancien Premier ministre britannique n'entend pas puiser dans sa propre bourse). Quelques jours plus tard, Sandys appuie par courrier la demande de son beau-père : de l'argent, vite, sinon le Mouvement européen de Churchill s'effondre. Comité et CIA, la principale bailleuse de fonds, débloquent alors une première tranche équivalant à un peu moins de 2 millions de nos euros. Elle permettra de " préparer " les premières réunions du Conseil de l'Europe de Strasbourg, qui associe une assemblée consultative sans pouvoir réel à un comité des ministres statuant, lui, à l'unanimité.
 
Pour soutenir leurs partenaires du Vieux Continent, ACUE et CIA montent dès lors des circuits financiers complexes. Les dollars de l'oncle Sam - l'équivalent de 5 millions d'euros entre 1949 et 1951, le méme montant annuel par la suite - proviennent pour l'essentiel de fonds alloués spécialement à la CIA par le Département d'Etat. Ils seront d'abord répartis sous le manteau par les chefs du Mouvement européen : Churchill, son gendre, le secrétaire général Joseph Retinger, et le trésorier Edward Beddington-Behrens. En octobre 1951, le retour de Churchill à Downing Street, résidence des premiers ministres anglais, ne tarira pas ce flot : entre 1949 et 1953, la CIA va en effet verser aux unionistes l'équivalent de plus de 15 millions d'euros, à charge pour eux d'en redistribuer une partie à leurs rivaux de la Fédération, la tendance de droite du fédéralisme français, laquelle reverse ensuite sa quote-part à l'UEF. Sommes substantielles mais sans commune mesure avec la manne que l'appareil stalinien international, le Kominform, investit au méme moment dans le financement souterrain des PC nationaux et des innombrables " fronts de masse " : Fédération syndicale mondiale de Prague, Mouvement de la paix, mouvements de jeunes, d'étudiants, de femmes...
 
Pour Frenay, c'est clair : l'Europe fédérale constitue désormais le seul bouclier efficace contre l'expansionnisme communiste. Mais comment aller de l'avant quand le nerf de la guerre manque si cruellement ? L'UEF n'est pas riche. Son président encore moins, dont la probité est reconnue de tous - après son passage au ministère des Prisonniers, Déportés et Réfugiés, Frenay, ancien officier de carrière sans fortune personnelle, a quitté l'armée au titre de la loi Diethelm de dégagement des cadres. Comme au temps de " l'affaire suisse ", le salut financier viendra-t-il de l'allié américain ? Oui, assurent dès l'été 1950 les hommes de l'ACUE à un représentant français de l'UEF en visite à New York. Conforme à la position officielle du gouvernement américain en faveur de l'intégration européenne, leur aide ne sera soumise à aucune contrepartie politique ou autre, condition sine qua non aux yeux d'Henri Frenay. Et de fait, à partir de novembre 1950, l'ACUE va financer secrètement à hauteur de 600 000 euros l'une des initiatives majeures de Frenay et des fédéralistes de gauche : la création à Strasbourg, en parallèle du très officiel Conseil de l'Europe, d'un Congrès des peuples européens, aussi appelé Comité européen de vigilance.
 
S'associeront à ce projet des socialistes (Edouard Depreux), des religieux (le père Chaillet, fondateur de Témoignage chrétien ), des syndicalistes, des militants du secteur coopératif, des représentants du patronat et méme... des gaullistes tels Michel Debré ou Jacques Chaban-Delmas. Mal conçue médiatiquement, l'affaire échoue de peu. Raison de plus pour accentuer le soutien financier, oeuvre du secrétaire général de l'ACUE, Thomas Braden. Connu pour ses opinions libérales, cet ami du peintre Jackson Pollock, n'a pas hésité quand Donovan, son ancien patron à l'OSS, lui a demandé de quitter la direction du musée d'Art moderne de New York.
 
En juillet 1951, Frenay effectue à son tour le voyage des Etats-Unis sous les auspices du Congrès pour la liberté de la culture - une organisation que nous retrouverons bientôt. L'occasion de rencontrer les dirigeants du Comité et ceux de la Fondation Ford (mais pas ceux de la CIA avec lesquels il n'entretiendra jamais de rapports directs) pour leur faire part des besoins matériels des fédéralistes. Message reçu " 5 sur 5 " par les Américains...
 
A cette date, Braden ne figure plus parmi les dirigeants officiels de l'ACUE. En vertu du principe des vases communicants, l'agent secret esthète vient en effet de rejoindre Dulles à la CIA. Les deux hommes partagent cette idée de bon sens : face aux communistes, ce ne sont pas les milieux conservateurs qu'il faut convaincre, mais la gauche antistalinienne européenne, dont Frenay constitue un des meilleurs représentants. Braden va plus loin : " Comme l'adversaire rassemblé au sein du Kominform, structurons-nous au plan mondial par grands secteurs d'activité : intellectuels, jeunes, syndicalistes réformistes, gauche modérée... ", plaide-t-il. D'accord, répond Dulles. Naît ainsi la Division des organisations internationales de la CIA. Dirigée par Braden, cette direction centralise, entre autres, l'aide de la Compagnie via l'ACUE aux fédéralistes européens. En 1952, l'American Committee for United Europe finance ainsi l'éphémère Comité d'initiative pour l'assemblée constituante européenne, dont Spaak sera président et Frenay, le secrétaire général.
 
Brouillés avec la " Fédération ", leur rivale de droite qui servait jusque-là d'intermédiaire pour le versement des fonds CIA-ACUE par le truchement du mouvement churchillien, les amis de Frenay sont très vite au bord de l'asphyxie. Pour parer à l'urgence, Braden, virtuose du financement souterrain au travers de fondations privées plus ou moins bidon, va, cette fois, mettre en place une procédure de versements directs aux fédéralistes de gauche par des antennes para-gouvernementales américaines. A Paris, plaque tournante des opérations de la CIA en Europe avec Francfort, on opérera par le biais de l'Office of Special Representative, conçu à l'origine pour servir d'interface avec la toute jeune Communauté européenne du charbon et de l'acier (Ceca), ou de l'US Information Service (USIS). Par la suite, un bureau ACUE proprement dit sera ouvert.
 
Comme Jean Monnet, président de la Ceca, Frenay caresse, en cette année 1952, l'idée d'une armée européenne, pas décisif vers l'Europe politique selon lui. L'ACUE approuve chaudement. Prévue par le traité de Londres de mars 1952, cette Communauté européenne de défense comprendrait - c'est le point le plus épineux -, des contingents allemands. Reste à faire ratifier le traité par les parlements nationaux. Frenay s'engage avec enthousiasme dans ce nouveau combat. Pour se heurter, une fois encore, à de Gaulle, qui refuse la CED au nom de la souveraineté nationale et, déjà , du projet ultrasecret de force atomique française, ainsi qu'aux communistes, hostiles par principe à tout ce qui contrarie Moscou. D'après les éléments recueillis par Robert Belot - dont la biographie du chef de Combat devrait sortir ce printemps au Seuil -, Frenay demandera méme à l'ACUE de financer l'édition d'une brochure réfutant... les thèses gaullistes sur la CED.
 
Staline meurt en mars 1953. L'année suivante, Cord Meyer Jr, un proche de la famille Kennedy, remplace Braden à la téte de la Division des organisations internationales de la CIA. Mais 1954 verra surtout cet échec cuisant des européanistes : l'enterrement définitif de la CED. Découragé, Frenay abandonne alors la présidence de l'Union européenne des fédéralistes. A partir d'octobre 1955, les " amis américains " reportent donc leurs espoirs sur un nouveau venu, le Comité d'action pour les Etats-Unis d'Europe de Jean Monnet. Lié à Donovan et surtout à l'ambassadeur américain à Paris, David Bruce, un proche de Franck Wisner, Monnet est trop fin connaisseur du monde anglo-saxon pour accepter directement les dollars de la CIA. Compte tenu de sa prudence de Sioux, l'aide américaine à son courant européaniste devra emprunter d'autres voies. En 1956, Monnet se voit ainsi proposer l'équivalent de 150 000 euros par la Fondation Ford. Une offre qu'il décline, préférant que cet argent soit versé au professeur Henri Rieben, un économiste et universitaire suisse pro-européen qui vient d'étre nommé chargé de mission aux Hautes Etudes commerciales de Lausanne. Rieben utilisera ces fonds en toute transparence financière pour créer un Centre de recherches européen.
 
En 1958, le retour du général de Gaulle, radicalement hostile aux thèses fédéralistes, annihile les derniers espoirs de l'UEF et de ses amis américains. Dissolution de l'ACUE dès mai 1960 puis cessation des financements occultes par la CIA s'ensuivent. En douze ans, la Compagnie aura quand méme versé aux européanistes de toutes tendances l'équivalent de 50 millions d'euros sans étre jamais prise la main dans le sac ! Mais pourra-t-on préserver longtemps le grand secret ?
 
La première alerte éclate dès 1962. Trop précise sur les financements américains, une thèse universitaire sur les mouvements européanistes doit étre " enterrée " d'urgence en Angleterre. Ce remarquable travail est l'oeuvre du fils d'un camarade de résistance de Frenay, Georges Rebattet, créateur en avril 1943 du Service national maquis. Georges Rebattet, le successeur en 1952 de Joseph Retinger comme secrétaire général d'un Mouvement européen dont il a d'ailleurs assaini pour une bonne part le financement.
 
Deuxième secousse au milieu des années 1960. L'étau de la presse américaine (le New York Times et la revue gauchiste Ramparts ) se resserre sur une des filiales du " trust " Braden-Meyer, le Congrès pour la liberté de la culture o๠se côtoyaient des intellectuels antitotalitaires européens de haute volée - Denis de Rougemont, Manhès Sperber, Franz Borkenau, Ignazio Silone, Arthur Koestler ou, par éclipses, Malraux et Raymond Aron. Financé par la CIA au travers de la Fondation Fairfield, le Congrès édite en français l'une de ses revues les plus prestigieuses, Preuves . Jouant la transparence, Braden jette alors son pavé dans la mare. " Je suis fier que la CIA soit immorale ", déclare-t-il en 1967 au journal britannique Saturday Evening Post , auquel il confie des révélations sensationnelles sur le financement occulte par la CIA du Congrès pour la liberté et sur le rôle d'Irving Brown dans les milieux syndicaux. Silence radio, en revanche, sur le soutien aux mouvements européanistes, le secret des secrets...
 
Ultime rebondissement à partir de juin 1970, quand le conservateur anglais pro-européen Edward Heath arrive à Downing Street. A sa demande, l'Information Research Department lance une vaste campagne pour populariser sous le manteau l'européanisme dans les médias et les milieux politiques britanniques. En 1973, l'Angleterre fait son entrée dans le Marché commun ; le 5 juin 1975, 67,2 % des électeurs britanniques ratifient la décision par référendum. Dans ce renversement de tendance en faveur de l'Europe, un homme s'est jeté à corps perdu : nul autre que le chef de la station de la CIA de Londres, Cord Meyer Jr. Ce bon vieux Cord qui remplaçait vingt ans plus tôt son copain Braden à la téte de la Division des organisations internationales de la Compagnie.
 
Par Rémi Kauffer *
 
27 février 2003
 
 
 

mardi 23 février 2010

La Chine est encerclée par le système anti-missiles américain LE QUOTIDIEN DU PEUPLE

 

From: nicolas
Sent: Monday, February 22, 2010 10:03 PM
To: Romain
Subject: [romain : paix_socialisme_communisme] La Chine est encerclée par le système anti-missiles américain LE QUOTIDIEN DU PEUPLE

 

Français>>MilitaireMise à jour 22.02.2010 16h48
La Chine est encerclée par le système anti-missiles américain

D'après des spécialistes en études militaires, il semble que Washington soit déterminée à encercler la Chine avec un système anti-missile de fabrication américaine.

D'après Defense News, publication américaine, Taiwan est devenu l'année dernière le cinquième acquéreur dans le monde du système de défense anti-missiles Patriot, après le Japon, la Corée du Sud, les Emirats Arabes Unis et l'Allemagne.

De nombreux experts militaires ont fait remarquer que ce dernier contrat en date avec Taiwan est un élément clé d'une stratégie américaine d'encerclement de la Chine dans la région Est-asiatique, et que ces missiles pourraient bientôt former un arc de cercle s'étendant du Japon à la Corée du sud et à Taiwan.

Le colonel Dai Xu, stratège de renom de l'armée de l'air chinoise, écrivait d'ailleurs dans un article publié ce mois que « La Chine se trouve dans une zone d'encerclement en arc de cercle. Cette zone commence au Japon, s'étend à travers divers pays dans la Mer de Chine méridionale vers l'Inde et se termine en Afghanistan. Le déploiement de systèmes anti-missiles opéré par Washington en périphérie de la Chine forme une zone d'encerclement en arc de cercle ».

Pour Ni Lexiong, expert en affaires militaires à l'Institut de Sciences Politiques et de Droit de Shanghai, qui répondait le 21 février aux questions du journal Guangzhou Daily, « Le système anti-missile américain au voisinage de la Chine est une réplique exacte de la stratégie américaine antérieure en Europe de l'est contre la Russie. L'administration Obama à commencé à envisager ce genre de système autour de la Chine après la suspension de son projet en Europe de l'Est ».

Tang Xiaosong, directeur du centre de Sécurité Internationale et d'Etudes Stratégiques à l'Université des Etudes Etrangères du Guangdong fait lui remarquer que cet arc qui encercle la Chine peut également être étendu dans d'autres directions à n'importe quel moment. Ainsi, dit-il Washington espère-t-elle vendre à l'Inde et à d'autres pays de l'Asie du Sud-Est son système anti-missiles Patriot Advanced Capability (PAC)-3.

Les analystes disent que la Chine surveille de près la coopération indo-américaine en matière de défense anti-missiles, car toute intégration éventuelle de l'Inde dans le système global de défense anti-missiles américain pourrait affecter profondément la sécurité de la Chine.

Cependant, d'après l'ancien ambassadeur de Chine en Inde Pei Yuanying, il est peu probable que l'Inde fasse un jour partie du moindre plan américain dirigé contre la Chine.

« New Delhi tient à développer ses relations avec les Etats-Unis, mais elle veut également être une puissance internationale indépendante sur la scène internationale », dit-il.

M. Pei pense qu'il est nécessaire de prendre en considération les aspects multiples des relations sino-américaines. « Les Etats-Unis ont suivi de longue date une politique de rapprochement-confinement à l'égard de la Chine, et cette politique ne changera pas d'une manière générale durant le mandat du Président Obama », dit-il.

Defense News a également rapporté les propos de John Holly, Vice-président des systèmes de defense anti-missiles chez Lockheed pour qui les perspectives de ce marché restent bonnes.

Evoquant les programmes de missiles en Corée du Nord, en Iran, en Russie et en Chine, il a déclaré « Ce monde n'est pas un monde très sûr, et il nous incombe, dans cette industrie, de fournir (au Pentagone) les meilleures capacités possibles ».

Beijing a souvent critiqué le développement du système anti-missiles américain et s'est efforcée d'apporter des limitations à ce genre de systèmes lors des forums des Nations Unies.

Ainsi le ministre des Affaires Etrangères Yang Jiechi, qui s'était exprimé lors d'une conférence sur le désarmement en août dernier à Genève avait-il déclaré « Les Nations ne devraient ni chercher à obtenir une prépondérance stratégique ni développer des systèmes de défense anti-missiles susceptibles de saper la stabilité stratégique mondiale ».

Source: le Quotidien du Peuple en ligne

 

 


jeudi 18 février 2010

[romain : paix_socialisme_communisme] Le Nouvelliste en Haiti - Haïti à l'école médicale cubaine

 

From: Gilbert Leonard
Sent: Thursday, February 18, 2010 1:05 AM
To:
Subject: [romain : paix_socialisme_communisme] Le Nouvelliste en Haiti - Haïti à l'école médicale cubaine

NB: article datant du 23 Novembre 2009
   
http://www.lenouvelliste.com/articleforprint.php?PubID=1&ArticleID=76329

Haïti: Haïti à l'école médicale cubaine


Autorités politiques, chercheurs et spécialistes de la santé, responsables d'ONG...se sont donné rendez-vous du 16 au 20 novembre 2009 à La Havane (Cuba) à la conférence annuelle du Forum mondial pour la recherche en santé « Global forum for health research ». Un accent particulier a été mis sur les avantages de la coopération Sud-Sud.

 
 
Des boursiers haïtiens à ELAM
  (Photo: Archives)
   
 
 
Le Dr Gabriel Thimothée
   
«Financement des soins de santé, coopération Sud-Sud dans le domaine de la santé, innovations et soins de santé », sont quelques-uns des thèmes débattus au cours de ce forum organisé par le « Global forum for health research », une fondation internationale basée à Genève. La délégation haïtienne conduite par le directeur général du ministère de la Santé publique, le Dr Gabriel Thimothée, a beaucoup appris au cours des discussions. « Cette conférence nous a rappelé que la santé est un droit et elle doit être une priorité, a déclaré le Dr Thimothée au journal. Ceci doit se traduire dans le budget national. »

Les organisateurs de la conférence de La Havane ont mis un accent particulier sur les avantages de la coopération Sud-Sud. Cuba, le pays hôte de la conférence, a conté ses expériences dans le domaine médical aux 800 visiteurs venus de partout. A l'ouverture des assises, le ministre de la Santé de Cuba, le Dr José Ramon Balaguer Cabrera, a exposé, pendant plus d'une heure, les progrès réalisés par son pays au cours des 50 dernières années dans le domaine de la santé. Les autorités politiques et économiques, les chercheurs, spécialistes, responsables d'ONG... qui composaient l'assistance ont appris que l'accès aux soins de santé est garanti à Cuba. Ils ont aussi appris que le système de santé cubain se place parmi les meilleurs du monde.

Pendant le forum, Haïti et ses voisins de l'Amérique latine et de la Caraïbe ainsi que les pays du continent africain se sont rendu compte qu'ils ont beaucoup à apprendre du système de santé cubain. Une vérité que le Dr Gabriel Thimothée n'a pas caché lorsqu'il a plaidé pour une socialisation des soins de santé en Haïti. « L'accès à la santé ne doit plus être un luxe », a-t-il souhaité. Ajoutant : « Il doit y avoir une approche globale de la santé. Ceci réclame la collaboration de tous les secteurs du pays. »


Haïti a-t-elle quelque chose à apprendre aux autres pays ?

Haïti n'a pas simplement assisté au forum en bon spectateur. Les membres de la délégation ont trouvé quelque chose à apprendre aux autres pays. « En dépit de sa pauvreté économique et les troubles socio-politiques des dernières années, Haïti a diminué la prévalence du Vih/Sida de 7% dans les années 80 à 2,2% aujourd'hui », a indiqué le Dr Gabriel Thimothée dans sa présentation. Il a aussi informé les participants au forum que la polio a été éradiquée sur tout le territoire haïtien. Dans le domaine de la recherche scientifique en matière de santé, Haïti n'est pas à la traîne. « Nous figurons dans la liste des pays ayant initié la recherche clinique sur le Vih/Sida », a fièrement déclaré le Dr Thimothée tout en reconnaissant que le pays a un long chemin à parcourir pour pouvoir garantir le droit à la santé à toute la population.

Le directeur du MSPP n'a pas tort. Car environ 40% de la population haïtienne n'a toujours pas accès aux soins de santé. Sans la coopération haïtiano-cubaine, ce chiffre pourrait être plus élevé. Le directeur général du MSPP a reconnu l'impact du travail des centaines de médecins cubains dans l'amélioration des soins de santé en Haïti. « De 450 au début de la coopération, il y a 11 ans, les médecins cubains sont aujourd'hui 311 à être éparpillés dans tous les coins du pays prodiguant des soins aux Haïtiens », a confié le Dr Gabriel Thimothée. Il a, par ailleurs, précisé que la diminution du nombre de médecins cubains dans le pays est due au déploiement dans nos hôpitaux des premières promotions de médecins haïtiens formés à Cuba.

Parallèlement à la coopération haïtiano-cubaine dans le domaine de la santé, le Dr Gabriel Thimothée a fait état des efforts de l'Etat haïtien pour augmenter la couverture sanitaire du pays. « Beaucoup de structures sanitaires ont été construites au cours des dernières années », a-t-il souligné en annonçant le prochain rapport EMMUS pour évaluer la couverture sanitaire réelle du pays. Le directeur général du MSPP a, d'un autre côté, annoncé la construction prochaine de trois nouveaux hôpitaux dans le pays. Le premier sera construit à Cabaret grâce au financement des Etats-Unis, le deuxième dont le financement sera assuré par le gouvernement du Japon sera construit à Jacmel tandis que le dernier va être placé aux Gonaïves et sera financé par le Canada.

Haïti, la mieux représentée à Elam après le Honduras

La coopération entre Cuba et les pays de l'Amérique latine et de la Caraïbe dans le domaine de la santé a été présentée comme un modèle de coopération Sud-Sud lors du forum de la semaine écoulée. L'Ecole latino-américaine de médecine (Elam) reste le fer de lance de cette coopération. Selon des statistiques communiquées par les autorités cubaines, quelque 7 256 étudiants en provenance de 45 pays apprennent actuellement la médecine dans cet établissement créé en 1999. Après le Honduras avec 569 étudiants, les Haïtiens au nombre de 543 sont les plus nombreux à Elam.

544 médecins haïtiens répartis sur cinq promotions sont déjà diplômés à Elam depuis sa création par l'ex-président Fidel Castro Ruz en 1999 à la suite du passage des cyclones George et Mytch dans les Caraïbes et en Amérique centrale. Le MSPP, d'après le Dr Gabriel Thimothée, s'apprête à intégrer dans le système sanitaire les 176 jeunes médecins de la 4e promotion et quelques-uns des trois premières promotions qui n'ont pas été nommés faute de prévision budgetaire. Ce qui portera à plus de 300 le nombre de médecins formés dans le cadre de la coopération haïtiano-cubaine employés par l'Etat haïtien. Entre-temps, 47 médecins des premières promotions ont pu retourner à Cuba pour leur spécialisation.

Jean Pharès Jérôme
pjerome@lenouvelliste.com


jeudi 11 février 2010

SOLIDAIRE : Capitalism : a love story :: Michael Moore attaque le mal à la racine

Capitalism : a love story :: Michael Moore attaque le mal à la racine

Le cinéaste Michaël Moore n'hésite pas à dénoncer les injustices. Chez la multinationale General Motors ou contre Bush et l'industrie pharmaceutique. Cette fois, avec son nouveau film Capitalism : a love story, il va au fond des choses et dénonce le système tout entier. Un film à ne pas manquer, selon Filip De Smet, syndicaliste et responsable du PTB.

Filip Desmet


Michael Moore et General Motors : ça ne deviendra jamais une love story. Dans ce film, comme dans Roger et moi, General Motors tient un rôle central. Celui d'une entreprise qui, pour faire du profit, est prête à ruiner une ville entière, un pays entier.

Des pilotes qui servent le café

L'Europe veut devenir comme les États-Unis, ou « mieux encore ». C'est elle-même qui le dit. Et elle s'y emploie depuis des années : moins de charges sociales, plus de flexibilité et de privatisations. Si vous voulez voir le résultat, vous devez vraiment voir ce film. Moore nous montre les États-Unis d'aujourd'hui, un pays où les bons emplois ont disparu, où, depuis Reagan, le capitalisme brutal a balayé les syndicats et des pans entiers de la sécurité sociale, où des pilotes d'avion doivent faire des boulots d'appoint comme serveurs pour s'en sortir. Indignée, une vieille dame lit une offre d'emploi pour candidate stripteaseuse. Sans sécurité sociale, pas le choix, il faut accepter tous ces emplois bidons.

Ils veulent faire du bénef' sur tout ! Les sociétés d'investissement spéculent même sur le décès prématuré des détenteurs d'une assurance vie. Le film raconte le scandale de la privatisation d'une prison pour jeunes en Pennsylvanie qui a payé des juges pour qu'ils fassent enfermer des jeunes pendant plusieurs mois pour des futilités.

Moore nous montre comment la famille Hacker est brutalement expulsée de sa maison. Et il cite le coupable nommément, dans le fil et dans chaque interview : « La cause de tout cela, c'est le capitalisme, ce système du profit, de la cupidité et de la concurrence. » Le film montre en un seul graphique comment le profit mène à la crise : depuis 1980, la productivité a augmenté de 45 % aux États-Unis, mais les salaires ont plus ou moins stagné. Qui, alors, va acheter toute cette masse de produits ? Soif de profit, concurrence aveugle, surproduction, licenciements, misère noire. Moore décortique le capitalisme jusqu'à la moelle.

Michael Moore et Bert De Graeve

Le lendemain de la première du film à Courtrai, Bert De Graeve passait à la radio, à la VRT. L'ancien boss de la VRT et actuel président du leader mondial de l'acier Bekaert venait d'être désigné manager de l'année. L'exemple type du directeur qui a su piloter sa boîte à travers la crise, a estimé le jury. Chaque année, 30 millions d'euros d'innovations, savoir comment motiver ses collaborateurs et, comme l'a dit le baron lui-même, « de temps à autre, un peu d'élagage ». Pardon ? Oui, il parlait des centaines de personnes qui, lors des fermetures de Hemiksem et Lanklaar, on perdu leur boulot. Élaguer pour mieux croître, telle est la poésie lyrique des managers d'aujourd'hui. Ils se débarrassent des gens comme des branches mortes dans leur sous-bois. Et, selon eux, les gens doivent l'accepter, le système économique traverse une fois encore une difficile phase de transition, vous savez. Mais tout finira par se rétablir. De son côté, Moore dit : « Avec ce système, ça n'ira plus jamais bien pour les petites gens. Si les PDG veulent une devise, que ce soit celle-ci : "On massacre la planète et à nous le gros lot". »

Le capitalisme, c'est le mal et le mal, on ne peut le réguler

Le capitalisme au pilori. En Belgique, si le PTB est à peu près le seul à le penser dans le monde politique, chez les travailleurs, ils sont nombreux à le penser. Moore renvoie à un récent sondage dans lequel 33 % des personnes interrogées disent préférer le socialisme1. Aux États-Unis ! Une enquête récente effectuée mondialement pour la chaîne de télévision britannique BBC a révélé des chiffres similaires. En France, 43 % des personnes interrogées disent qu'un autre système économique est nécessaire. Et, récemment, le lauréat du prix Nobel, l'économiste Stiglitz exprimait encore sa crainte de voir la crise économique pousser de nombreux pays du tiers monde vers le socialisme.

La jubilation du capitalisme après la chute du mur aura à peine duré vingt ans. Aujourd'hui, ce système est dans les cordes. Si notre monde veut le progrès social, il doit se débarrasser de ce système. On ne peut le réformer ni l'améliorer, ne cesse de répéter Michael Moore. « On ne peut pas réguler le mal », dit-il. Et, selon De Morgen, « ce film traite surtout du fait que ces entreprises sont même prêtes à tuer pour gagner le plus d'argent possible. C'est ça, le capitalisme. »

Malgré cela, le même journal écrivait que Moore n'attaque pas tant le capitalisme que les excroissances de ce système. En d'autres termes : le système est bon, seules ses dérives doivent disparaître.

Bien des critiques ne savent pas sur quel pied danser, avec l'anticapitalisme de Moore. Avec ce film, la pensée néolibérale en prend plein la tronche et on ne lui en sait guère gré. « Michael Moore jette le bébé avec l'eau du bain », « C'est un marxiste postmoderne »…

1. Sondage du bureau d'étude Rasmussen, http://www.tinyurl.com/ylcedqy&nbsp

Une ode à la lutte sociale

Le film (re)motive tous ceux qui s'engagent dans la lutte sociale. Résistance, unité, solidarité ne sortent pas du néant, mais sont le résultat d'un travail acharné et difficile. Aux États-Unis, les gens sont abrutis par les médias, qui ne jurent que par le monde des affaires, dit Michael Moore, et sont conditionnés par les nombreuses campagnes contre les syndicats et le socialisme. 40 % des Américains ont à peine terminé leurs études primaires.

Michael Moore ne cache pas sa profonde sympathie pour ceux qui font bouger les choses. Il montre à quel point la lutte incessante peut payer. Par exemple, l'action des habitants du quartier contre l'expulsion d'une famille : des riverains barrent l'accès de la maison à la police, qui, finalement, doit abandonner. Ou, comme l'action syndicale, avec l'occupation de l'entreprise Republic Doors & Windows, à Chicago, en décembre dernier. Autour des travailleurs, mis à la porte, la solidarité s'organise. Même un évêque catholique vient expliquer en quoi le capitalisme est en contradiction avec sa foi. Un combat difficile mais, finalement, les travailleurs obtiennent gain de cause : on leur paie leurs primes de licenciement.

La morale de Sullenberger et Salk

Michael Moore s'en prend à Wall Street et sa folie furieuse du profit : spéculer sur le décès prématuré des travailleurs et la menace de nouveaux produits toxiques.

Mais Moore montre aussi une autre morale. Celle de Chesley Sullenberger, par exemple. L'homme est devenu un héros national l'an passé quand, avec son Airbus endommagé, il a exécuté un parfait amerrissage forcé sur le fleuve Hudson, sauvant ainsi la vie ses 155 passagers. Puis, il a tenu devant une commission de la Chambre américaine des représentants un discours musclé, où il dénonce la baisse de 40 % des salaires des pilotes, poussant certains à survivre en faisant deux métiers, et explique comment on les a dépouillés de leur assurance pension.

Puis, il y a Jonas Salk, le savant qui, en 1955, a découvert le vaccin contre la polio et a toujours refusé le moindre brevet pour sa découverte d'une importance mondiale pourtant inestimable. Le bonheur des milliers d'enfants à qui il a sauvé la vie représente plus à ses yeux qu'une valise de dollars.

L'humour est une arme puissante

Michael Moore : « Je n'ai suivi que l'enseignement moyen et c'est tout. Pas d'études supérieures. Je n'ai rien lu de Karl Marx. Je devrais en avoir honte, moi qui tourne un film sur le capitalisme qui finit sur une version jazzy de l'Internationale. Ce qu'on voit à l'écran se trouve en fait très proche de moi et de la façon dont je vis et considère le monde. Ça a beaucoup à voir avec moi. Quand j'étais môme, j'étais le comique de la classe. Je faisais le clown. C'est mon côté irlandais, il faut que je fasse quelque chose de ma colère et mon humour. D'autres ont fait pareil : Lenny Bruce, Richard Pryor, Groucho Marx, Charlie Chaplin. Tous des artistes politiquement choqués par les situations sociales de leur époque. Des artistes qui ont décidé de se servir de leur humour comme d'une arme. Et si de la sorte, vous touchez les larges masses, alors, cet humour se mue en une arme incroyablement puissante. »

Et après ?

À propos de la nouvelle société qui doit succéder au capitalisme, il demeure évasif. Il veut un système démocratique, où ce ne sont plus les grandes entreprises qui contrôlent le gouvernement et le parlement. Il veut un système où les simples citoyens peuvent participer aux décisions. Il plaide pour des banques aux mains de l'État, mais reste vague sur la place de la grande industrie.

Il plaide par-ci par-là pour le modèle social de l'Europe. Qui est bien sûr un tantinet meilleur que le « modèle » américain, mais ne surestime-t-il pas l'Europe ? Est-il bien conscient qu'ici aussi, l'américanisation va de plus en plus vite ? Qu'ici aussi, le capitalisme est le même système économique qu'aux États-Unis ?

Quoi qu'il en soit, le film remet également à l'agenda le débat sur un autre système de société : « Avec son nouveau documentaire sur la crise, le débat autour de Michael Moore peut éclater dans le plus pur style Amada », écrit Knack.

Le successeur d'Amada, le PTB, a beaucoup évolué ces dernières années. Notamment à travers son 8e Congrès (mars 2008). Mais il continue à remettre en cause le capitalisme, comme le fait Michael Moore. Et il avance des pistes pour un autre système économique et politique : le socialisme.

Lire et débattre du livre Priorité de gauche de Peter Meertens et Raoul Hedebouw comme des textes du 8e Congrès du PTB peuvent être un prolongement idéal du film de Moore.

Un sac en plastique pour la taxe des millionnaires

À la fin du film, à la façon de la police, Michael Moore pose les scellés sur Wall Street : c'est le lieu du crime. Avec un sac en plastique, il va récupérer auprès des banques l'argent qu'elles ont raflé aux familles et à l'État.

La campagne du PTB pour la taxe des millionnaires participe de la même philosophie : aller chercher chez les riches l'argent pour les pensions et l'emploi. Dans le film, un homme, expulsé de sa maison, dit : « Aujourd'hui, il y a un combat entre ceux qui ont tout et ceux qui n'ont rien. » C'est exactement pareil en Belgique.

Il n'est donc pas étonnant que les spectateurs du film, sortant des cinémas, n'hésitent pas à signer pour devenir membre du fan club de la taxe des millionnnaires que le PTB a lancé l'année passée. Le journaliste Hugues Le Paige a déclaré dans une de ses chroniques sur La Première (RTBF radio) qu'avec cette taxe, le PTB « montre efficacement comment une taxation encore bien modeste de 88 000 ménages millionnaires rapporterait près de 9 milliards à l'Etat et permettrait de créer des emplois publics, de financer la sécu et de refinancer l'enseignement et la recherche. (…) Et s'il est un domaine où le politique détient encore un réel pouvoir, c'est bien celui de la fiscalité. Question de volonté et de rapport de force. »

La Belgique d'aujourd'hui n'est pas bien différente des Etats-Unis : notre pays compte proportionellement le plus de millionnaires de tous les pays de l'Union européenne. Il est un paradis fiscal pour les grosses fortunes.

Le capitalisme en Belgique, pas encore filmé, mais déjà bien décrit

La comparaison entre le film de Michael Moore et le livre Priorité de gauche du président du PTB, Peter Mertens, est moins boiteuse qu'on ne le penserait à première vue. Les deux analysent le système, les deux donnent la parole à ceux qui vivent la crise du système de près. Les deux proposent également des mesures réalisables pour atténuer le mal provoqué par la crise et, si possible, y remédier. Comme une banque publique et, dans Priorité de gauche, une réduction de la TVA sur le gaz et l'électricité.

Moore et Mertens veulent faire passer leur « message » de façon amusante et intelligente en même temps. Par le biais d'une analyse convenable, mais surtout à l'aide de récits concrets donnés par des gens concrets. De ce fait, le livre de Peter Mertens est très lisible pour tous ceux qui se demandent de quelle façon nous allons bien pouvoir survivre à cette crise et quels instruments nous allons devoir utiliser en tant que communauté.




Vous pouvez trouver Priorité de gauche · Pistes rouges pour sortie de crise. Peter Mertens et Raoul Hedebouw, ADEN, 2009, 272 p.,15 €, ainsi que les textes du 8e Congrès du PTB au PTB-shop, 171 Bd. Lemonnier à Bruxelles ou sur www.ptb.be/e-shop.




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mercredi 3 février 2010

[romain : paix_socialisme_communisme] Fwd: Servir le peuple haïtien ou se servir de lui?

 

From: nicolas
Sent: Tuesday, February 02, 2010 6:16 PM
To: Romain
Subject: [romain : paix_socialisme_communisme] Fwd: Servir le peuple haïtien ou se servir de lui?

 


Servir le peuple haïtien ou se servir de lui?

Haïti est frappé par un terrible tremblement de terre qui a détruit le peu qu'avait ce pays martyr. Cette  catastrophe épouvantable survient peu après la scandaleuse famine qui a frappé Haïti en 2008 (cette famine fut le résultat direct de la spéculation mondiale sur les céréales qui a précédé de peu la crise des subprimes!). Tout cela frappe au cœur un des pays les plus pauvres du monde par la faute de ses anciens maîtres coloniaux français et américains.

Bien entendu nos médias n'ont pas à cette occasion "accusé les crimes du capitalisme". Contrairement à ce qui s'était passé en 86, quand l'Arménie soviétique fut frappée par un séisme (les médias avaient accusé "le régime" et Aznavour avait été envoyé en mission à Erevan avait intelligemment déclaré: "ici ce n'est pas du ciment comme chez nous!"), on se garde bien de mettre en cause l'oppression politique mise en place par Washington pendant quarante ans; pour combattre le combatif mouvement communiste et progressiste haïtien, Washington a longtemps soutenu le régime rétrograde des "tontons Macoutes" des sanguinaires Duvalier père et fils (la France a d'ailleurs accueilli "Bébé doc", en même temps que Bokassa, après leur double éviction par la lutte de leurs peuples respectifs).

Bien entendu, personne ne remarque, dans les médias, que malgré l'embargo dont elle est victime, Cuba socialiste est incomparablement plus moderne, grâce à la "révolution castriste" (comme ils disent) que sa soeur antillaise déshéritée: les Cubains, dont le pays a été plusieurs fois dévasté par des cyclones l'an dernier, n'a jamais connu de catastrophe humaine lors des ouragans qui ont fait des milliers de morts et de sans abri en Louisiane voisine où le premier souci des autorités aura été d'utiliser l'inondation due à Kathrina pour prendre aux Noirs chassés des bayous leurs terres ancestrales!

Le contraste n'en est que plus vif entre les USA, qui mettent à profit la catastrophe naturelle pour envahir un pays voisin ( bientôt 20 000 marines?) et le re-coloniser insolemment, et Cuba qui, de manière  désintéressée, a aussitôt envoyé, non des soldats mais des médecins, et qui a même laissé Washington utiliser l'espace aérien cubain pour transporter son aide. En espérant sans trop y croire que l'US Army n'en profiterait pas pour espionner le vieil ennemi cubain.. Situation d'autant plus scandaleuse que, *même pendant que Washington fait survoler Cuba par ses avions, le blocus contre l'ïle du Che n'est pas levé! Et bien entendu, Sarko l'Américain n'a rien dit quand les maîtres états-uniens de Port-au-Prince ont confisqué l'aéroport pour débarquer leurs troupes en obligeant un avion humanitaire français à se poser à  St-Domingue!

C'est pourquoi, parce que "rien d'humain ne nous est étranger", comme Marx aimait à le répéter, nous appelons à verser généreusement aux collectes du Secours populaire pour les réfugiés haïtiens ou mieux, à passer par les sites d'aide mis en place par des Haïtiens eux-mêmes. Mais cela ne doit pas nous empêcher de dire que plus que jamais, les peuples doivent revendiquer leur souveraineté nationale, première base pour (re-)construire un pays. Et ils doivent constater que le système capitaliste et impérialiste est nuisible en aval et en amont des catastrophes humaines: en aval parce qu'il interdit le développement des peuples du tiers-monde tout en multipliant les scandaleux gaspillages dans les pays riches ou dans ces lieux indécents comme Abou d'Abi. En amont parce qu'il ignore totalement cette vertu morale centrale qu'est le DESINTERESSEMENT et qu'il ne peut s'empêcher de mettre à profit à des fins coloniales toutes les situations de détresse qu'il a contribué à créer.

Le secrétariat national du PRCF

Affiché sous Amérique Latine, Edito, International

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