lundi 4 mai 2009

Actualités Internationales : Amérique latine, nouvelle exemple d'émancipation :

 

From: Forum Unité Communiste
Sent: Monday, May 04, 2009 4:24 PM
Subject: Actualités Internationales : Amérique latine, nouvelle exemple d'émancipation :


Auteur: T 34
Sujet: Amérique latine, nouvelle exemple d'émancipation :
Envoyé : 04 May 2009 à 14:24

Les leçons de l'expérience politique vénézuélienne par danielle Bleitrach
Lors de la transmission de son émission dominicale Aló Presidente, Chávez a averti la direction du PSUV (son parti créé en 2006) du péril du caudillisme. Il a dit qu'il n'était pas possible de construire des projets personnels sur l'espérance du peuple. Il a appelé le PSUV à ne pas s'approprier les mouvements sociaux, mais à les coordonner .

Suivre la manière dont Chavez redécouvre les nécessistés de la lutte révolutionnaire est riche d'enseignement dans ces temps où tout est à reconstruire. Elu sur le refus des partis, partageant la méfiance populaire dans ce domaine, il a longtemps surfé sur des regroupements informels simplement électoraux et rassemblant souvent des ambitions individuelles. Pourtant son orientation de plus en plus affirmée vers le socialisme, la conscience de l'ennemi le poussent a décider de créer en 2006 un parti , le PSUV. Si le parti communiste vénézuélien, d'où émane le communiqué que nous citons, a refusé de rejoindre le PSUV, c'est parce qu'il y voyait encore le lieu d'ambitions personnelles et non le vecteur de la classe ouvrière coordonnant les mouvements sociaux pour construire le socialisme. L'échec référendaire, la non élection plus tard de certains maires et élus régionaux a témoigné de la réalité de ce diagnostic. Chavez a un grand mérite, il avance en marchant et en symbiose totale avec le peuple vénézuélien, parce que son objectif est clair, même si sa politique a pu apparaître limitée, il se pose au bon moment les questions les plus fondamentales. Ainsi en est-il de la crainte du "caudillisme"et de la nécessité d'élever la conscience des militants et cadres du PSUV.

"Il faut s'éloigner de la vieille tendance dans le Parti Socialiste Uni du Venezuela (PSUV) nous ne pouvons pas nous permettre d'être contaminé par le sectarisme, le grupismo; s'il est positif qui existe des courants internes, ce doit être sur la base d'un fondement politique et pas des cas personnels" , a dit le président de la République Bolivarienne du Venezuela, Hugo Chávez Frías (1).

Lors du programme Aló, Presidente No. 329 qui a eu lieu dans la paroisse de Macarao, dans le municipio du Libertador, à Caracas, le chef de l'Etat a refusé les "ismes" qui pourraient apparaître dans le PSUV, en référence aux possibles courants personnalisés, en même temps il a souligné que l'unique "isme"devait être le socialisme.


De même, il a expliqué que le militantisme du PSUV était appelé à dénoncer et à combattre le vice qui serait l'apparition de caudillos régionaux, en ce sens, il a précisé que ces erreurs il fallait en être bien conscients pour les combattre et compter sur un grand parti de masse, mais qui aurait en même temps une conscience politique élevée.
"Nous ne pouvons pas permettre que certains forment un groupe d'inconditionnels et sur les espérances du peuple soient en train de construire des carrières personnelles" a-t-il déclaré.
Le président a dit que le parti ne peut prétendre s'approprier les mouvements sociaux mais qu'ils doit les coordonner.
Le parti doit être une force coordinatrice du mouvement ouvrier, de la jeunesse, des étudiants, des femmes, des paysans, des peuples indigènes, de tous les mouvements sociaux, à-t-il signalé.

Chávez a confirmé qu'il était envisagé " la redefinition de beaucoup de choses à l'intérieur du parti".(…) Il a exhorté les autorités du PSUV à poursuivre le renforcement des écoles de cadres et les formations idéologiques qui sont à la base de l'organisation en citant le militant et intellectuel italien Antonio Gramsci(2).

Cette prise de conscience de la nécessité de l'organisation et de la formation idéologique des militants, ce refus du caudillisme apparait comme une nouvelle étape dans l'avancée politique sur la voie du socialisme autant qu'une saine vision des réalités du terrain. Cet appel sera-t-il suffisant? . Le caudillisme est une vieille tentation de l'Amérique latine, le rassemblement autour d'un chef souvent militaire en tout cas autoritaire, de groupes, de clientèles qui en attendent une redistribution financière et de privilèges. Souvent nés de la révolte populaire contre les exactions de l'oligarchie, ces phénomènes sont aisément détournés au profit de la dite oligarchie contre le peuple. Le venezuela est guetté à plus d'un titre par cette tentation. Il y a des zones entières qui demeurent encore sous la coupe des propriétaires fonciers, avec des groupes paramilitaires liés au trafic de drogue. Il y a également la structure économique du pays et la manière dont la richesse pétrolière a créé une économie de rente redistributive des bénéfices pétroliers dans toutes les couches de la société sous une forme clientéliste et parfois mafieuse. Phénomène auquel on peut paradoxalement rajouter celui de la décentralisation y compris le poids autogestionnaire accordé aux communes ou dans les entreprises. Le fait que longtemps autour de Chavez il n'y a eu que des formes d'organisation liées aux campagnes électorales. Ce qu'il faut encore noter et cela est vrai pour la plupart des expérience latinoaméricaine c'est le caractère encore limité des mesures prises, non seulement au début de sa présidence, pendant deux ans Chavez n'a procédé qu'à des reformes constitutionnelles, mais même après avoir repris en main les pétroles et procédé à une timide réforme agraire, ce qui a aussitôt provoqué le coup d'Etat, sa politique est restée dans les limites de la social démocratie. Cependant elle a toujours avancé dans le même sens et a reçu l'aval du peuple qui pour la première bénéficiait réellement d'une redistribution plus égalitaire.

Mais ce qui se passe au Venezuela et dans toute l'Amérique latine doit également nous faire réfléchir à la situation politique mondiale et à celle que nous avons en France. Nous sommes dans une période de grand essor du mécontentement populaire, mais sous des formes exaspérées revers du défaut d'organisation et des cultures individualistes, de ce fait le mécontentement peut être dévoyé dans toutes les formes de fascisme parce que depuis les années quatre vingt dix il y a eu destruction des organisations, affaiblissement idéologique. Cette situation sociale désagrégée en a prolongé une autre qui malgré les apparences allait dans le même sens : à savoir que l'impérialisme en crise et qui aurait du céder la place a pu procéder à une reconquête sur ces bases individualistes et marchandes. Alors qu'au début des années soixante et dix la question du socialisme s'est posée, dans les années quatrevingt alors que la crise du capitalisme s'approfondissait nous avons assisté à la contre-révolution néolibérale sous l'égide des multinationales financiarisées. L'analyse de ce "retournement" n'a jamais été réellement faite. Mais fidel Castro n'a cessé de jeter des jalons à partir de l'expérience de résistance cubaine sans laquelle ce qui se passe au venezuela et en Amérique latine est incompréhensible.

Fidel, je ne cesse de le répéter voit loin, beaucoup plus loin que nous tous et il est préoccupé sans doute pour l'avenir du processus en Amérique latine. Le politologue Atilio Boron que Fidel a reçu personnellement et qui a donc été plus ou moins chargé de prévenir les révolutionnaires et progressistes a expliqué (Clarín, 12 mars 2009) : « Il est très préoccupé par l'impact de la crise dans toute l'Amérique latine parce qu'il croit que tout le processus consistant en un certain basculement à gauche ou au centre-gauche des dernières années va être affecté par une crise qui va durement toucher la région. Fidel est un très bon lecteur de la conjoncture. Il craint un retour de la droite dans le contexte de crise ainsi qu'une autre période spéciale comme après la chute de l'Union soviétique ».

Il faut cimenter le processus, créer dès maintenant la digue politique, organisationnelle et idéologique. Fidel ne cesse de poser les jalons de cette analyse, ainsi dans un de ses derniers textes sur le premier mai il montre ques les armes de l'impérialisme ont été la division et l'économisme. Alors qu'il s'agissait de changer de société, on a prétendu diviser les forces entre pays riches et pays du tiers monde- la querelle sino-soviétique en étant la traduction- diviser la classe ouvrière et les mouvements progressistes, isoler les communistes qui auraient pu et du coordonner. Il faudrait à partir de là réflechir aux formes organisationnelles actuelles, c'est ce que fait Chavez mais aussi Morales, Ortega et tous les autres leaders progressistes. A cette effet de division ajoute Fidel est venu se rajouter le compromis permanent sur des avantages économiques, consuméristes, de rente accordé par l'impérialisme pour survivre alors que l'essentiel était le changement politique et donc la création d'une force organisée et d'un haut niveau de conscience. Il n'y aura pas de redistribution possible, il faut un changement de société. Une reflexion dans ce domaine nous aiderait à mieux comprendre les actuels butoirs de la lutte syndicale.

Ce qu'il faudrait encore analyser c'est la manière dont la lutte anti-impérialiste, y compris au niveau international, pousse Chavez vers un approfondissement du marxisme dans le contexte original de l'Amérique latine (3). La question est de savoir si malgré sa bonne volonté et l'adhésion des masses vénézuéliennes ce qui se construit sera à la mesure du choc.

Nous en sommes là et aujourd'hui face à la crise du capitalisme, celui-ci continue son entreprise de division en prônant le choc de civilisation, les boucs émissaires racistes, en dévoyant dans des formes de clientélisme et d'autoritarisme personnels les exigences populaires. Mais aussi, et cela concerne en particulier la France, en tentant de circonscrire la protestation populaire dans des cadres inadaptés, incapables de trouver des issues, et parmi ces formes il faudra bien s'interroger sur le syndicalisme autant que les partis politiques qui paraissent destinées de fait à assurer le relais d'appareils d'Etat au service du capital. Et ce alors même que le peuple français a une combativité et a des traditions qui peuvent l'aider: la France est le pays de la lutte des classes, même si comme le déplorait Marx c'est plus sous des aspects "émeutiers" qu'organisés, mais c'est aussi disait-il le pays de l'action politique où "kant devient Robespierre". Ce qui n'a jamais pu être digéré de la révolution française c'est le fait que les masses font l'histoire. La France a de ce fait des traditions républicaines qui peuvent contrebalancer les courants fascistes, racistes, antisémites toujours latents. Mais cela passe par la recherche d' une perspective politique qui l'aiderait à dépasser le simple économisme autant que la tentation hexagonale permanente d'ignorer la situation internationale. Enfermement dans un pseudo universalisme abstrait qui pousse à ignorer la réalité mondialisée, celle du capital comme celle des luttes, l'européanocentrisme n'étant qu'un avatar de cette ignorance. Pourtant l'exemple de l'Amérique latine est là pour témoigner à la fois du refus du modèle et de la necessité d'entendre les questionnements venus d'horizons divers. Eux au moins ils tentent d'agir.

Danielle Bleitrach

(1) Hugo Chávez Frías, a toujours plus d'appui du peuple vénézuélien dans sa gestion, un récent sondage réalisé entre le 13 et le 23 avril par l'institut vénézuélien d'analyses et de données statistiques (IVAD) de Félix Seijas fait état de 65,1% de satisfaits.Soit une augmentation de 10%. Dans le même temps ce sondage fait état du PSUV comme la force qui compte mais sur laquelle ne se reporte pas toute la popularité du chef de l'Etat puisque ce parti enregistre 31,8% d'approbation. Ces chiffres ont été retransmis ce dimanche 3 mai par le journaliste José Vicente Rangel durant le programme Jośe Vicente Hoy, de Televen.

(2)Caracas, 03 may. 2009, Tribuna Popular TP/YVKE.- traduit par danielle Bleitrach

(3) là encore on ne peut manquer d'être frappé de la manière dont Chavez va en Chine pour nouer à la fois de nouvelles relations commerciales, pour construire un nouveau système financier mais également l'attention qu'il porte à l'école du parti et à la formation des cadres. Comme il faut également lire les textes de Fidel et voir ce qu'il dit dans un texte récent sur l'apport du léninisme qui élargit la notion de lutte des classe à travers l'analyse de l'impérialisme. Nous sommes devant un immense chantier dont on peut regretter qu'il ne soit pas suffisament envisagé en France.




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