mardi 16 avril 2002

Horreur derrière les barreaux dans les prisons ricaines...

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16 Avril 2002
LES PRISONS DES ÉTATS-UNIS
Horreur derrière les barreaux
• Prisonniers d’un système qui légalise, dans sa Constitution, le travail forcé et l’esclavage pour les détenus, deux millions d’individus se trouvent dans les prisons nord-américaines, la population pénale la plus nombreuse au monde • Plus de 60% des détenus sont hispaniques, indiens et afro-américains
PAR RAISA PAGES, de Granma international
LES cellules mesurent 2,3 mètres sur 3,3. Elles sont disposées de façon telle que les détenus ne puissent se voir les uns les autres. Ils demeurent 23 heures par jour dans ce petit espace. Durant l’heure d’exercice, ils sont enchaînés. La nourriture leur est passée par un orifice ouvert dans la porte. Il s’agit de la prison californienne de Pelican Bay, considérée l’une des plus notoires des États-Unis pour ses sévices.
Les prisons nord-américaines sont devenues des camps de concentration, estiment des spécialistes des systèmes pénitentiaires.
La majorité des États américains dépense davantage pour la construction de prisons que pour celle des écoles. La Californie possède l’un des plus grands systèmes pénitentiaires au monde. Les fonds publics de cet État pour l’entretien du système pénitentiaire sont plus élevés que ceux destinés à l’éducation. On a construit beaucoup plus de prisons que de centres scolaires, une réalité qui surprend, non seulement pour son importance locale mais aussi parce qu’il s’agit d’une tendance dans le contexte social de la nation la plus puissante de la planète.
Les États-Unis possèdent le triste record d’être le pays à la plus forte population carcérale dans le monde, soit deux millions de détenus. Le nombre des prisonniers croît à un rythme alarmant: 50% en dix ans.
Ils représentent 5% de la population totale du pays, et 25% des prisonniers dénombrés au niveau international. Le Département de la Justice nord-américain affirme qu’il y a 690 détenus par tranche de 100 000 habitants, ce qui est bien au-delà de la moyenne européenne, inférieure à 100 détenus pour la même proportion.
UNE AFFAIRE PROSPÈRE
La privatisation des prisons étatsuniennes est devenue un commerce lucratif, à un point réellement incroyable. «Le Complexe industriel des prisons (PIC), comme on appelle cette industrie privée, est le grand bénéficiaire d’une politique pénitentiaire basée sur la répression et le châtiment, plus que sur la réinsertion et l’éducation», affirme la journaliste Marta Caravantes.
Des études comparatives indiquent que les prisons privées enregistrent des coûts inférieurs de 10 à 15% aux publiques, grâce notamment à l’économie réalisée sur l’alimentation, les services médicaux et les salaires, très bas ou inexistants pour de durs travaux.
Le 13e Amendement de la Constitution nord-américaine légalise ces pratiques, avec une réserve: l’esclavage et le travail forcé ne sont pas interdits «comme châtiment d’un délit dont le responsable a été dûment convaincu».
Avec des investissements de sept millions de dollars dans l’industrie carcérale, la facture annuelle se monte à 35 milliards et emploie plus d’un demi-million de personnes, ce qui en fait le deuxième plus important employeur des États-Unis, juste après la General Motors.
La journaliste Caravantes qualifie les pénitenciers privés d’affaire prospère qui s’étend à travers 27 États avec 120 centres pénitentiaires où l’on trouve la main d’oeuvre la moins chère d’Amérique et sans protection sociale. Des prisonniers emballent des produits de Microsoft, Starbucks et Jansport et prêtent maints services à d’autres compagnies.
«Derrière la croissance du complexe industriel des prisons se trouvent les firmes et les banques de Wall Street qui pour la plupart fournissent les fonds destinés à la construction de prisons privées», a commenté Monica Moorehead, coordonnatrice nationale de ´Millions pour Mumia Abu Jamal`, le militant noir détenu depuis plus de 20 ans, qui mène bataille contre la peine de mort, un des prisonniers les plus connus au monde pour son combat contre les injustices du système nord-américain.
LATINOS ET NOIRS: DES SENTENCES DISPROPORTIONNÉES
Les prisons nord-américaines deviennent les nouveaux camps de concentration pour sans-abri, chômeurs, toxicomanes, malades mentaux et autres minorités, qui sont la chair à canon de l’actuel système de justice nord-américain, estime le spécialiste Jerome G. Miller —cité dans l’article de Sally Burch publié sur internet—, qui étudie le système pénitentiaire et les techniques de réinsertion sociale.
25 États nord-américains continuent de permettre l’exécution de prisonniers souffrant de retard mental, un fait dénoncé par Human Rights Watch.
Plus de 60% des prisonniers sont dispaniques, indiens et afro-américains. Ces derniers —12% de la population totale— composent la moitié de la population pénale et reçoivent des sentences disproportionnées. À New York, un jeune homme noir sur trois se trouve incarcéré ou en liberté conditionnelle.
Des calculs effectués sur le taux actuel d’incarcération des Noirs aux États-Unis indiquent que la majorité de ceux qui ont entre 18 et 49 ans seront en prison dans une décennie. Dans certaines villes, un tiers des jeunes Afro-américains se trouve en prison ou en attente d’un procès.
Le traitement des aborigènes d’Amérique du nord se caractérise également par le viol des droits humains. Le cas le mieux connu est celui de Leonard Peltier qui est incarcéré depuis plus de 20 ans après un procès extrêmement irrégulier.
Le système pénitentiaire des États-Unis a été considéré par l’International Action Center de New York comme étant une institution qui légalise la répression raciste et l’apartheid. Un nouveau genre de ségrégation est réservé aux classes pauvres et marginalisées.
Les Noirs et les Hispanos sont victimes de cette cruelle politique pénitentiaire. Considérés sans raison comme un problème social, ils sont enfermés afin de ne pas incommoder les blancs «pur sang» de la classe aisée.
Les cinq Cubains, condamnés sans raison l’an dernier, au cours d’un procès dépourvu de légalité, à des peines surdimensionnées, constituent une partie de cette politique raciste. Eux qui cherchaient à protéger Cuba d’actes criminels perpétrés par les groupes contre révolutionnaires basés à Miami, se trouvent aujourd’hui incarcérés dans différentes prisons des États-Unis, le pays qui a massacré le peuple afghan, sous prétexte d’antiterrorisme.
Certains sont d’avis que le système commercial des prisons privées pourrait être exporté à la région latino-américaine et à l’Europe. La plus grande entreprise pénitentiaire des États-Unis, la Correction Corporation of America, est aussi présente en Grande-Bretagne et quelques compagnies veulent investir au Mexique, dans la recherche de profits plus importants avec les prisonniers hors du territoire national.
NOUVEAUX ASILES PSYCHIATRIQUES
Les auto-mutilations ne sont pas des scènes du cinéma nord-américain, mais des tragédies fréquentes dans les prisons de ce pays.
La journaliste Sasha Abramsky a dénoncé les châtiments administrés par les gardes des prisons dans une étude publiée dans le magazine American Prospect. «Les établissements de haute sécurité sont en train de devenir l’équivalent technologique des nids de vipères... », a-t-elle écrit.
Horrifié par la violence dans les prisons nord-américaines, le psychiatre Terry Kupers, auteur du livre Folie en prison, a considéré que ces centres sont les plus grands asiles psychiatriques des États-Unis, qui renferment deux fois plus de malades mentaux que les institutions spécialisées de l’État, rapporte l’agence Inter Press Service.
Le traitement que reçoivent les détenus nord-américains est destiné à dégrader les êtres humains, au lieu de faire valoir ce que ces personnes ont de meilleur. Le psychiatre Kupers a rapporté qu’il avait vu dans les cellules d’isolement des cas de psychose, des prisonniers criant des obscénités, s’infligeant des coupures et couverts d’excréments.
La dégradation du système de santé mentale étasunien au cours des dernières décennies où les salles de psychiatrie ont été réduites au minimum, explique la présence dans les prisons de nombreux malades mentaux, selon l’étude publiée par le magazine britannique The Lancet. Le budget fédéral approuvé pour cette année n’apporte aucune solution au dilemme.
Les auteurs de l’enquête, la psychiatre Seena Fazel, de l’Université d’Oxford, et le médecin britannique John Danesh, de Cambridge, ont choisi douze pays industrialisés pour leur étude sur une longue période.
Dans les douze nations développées, un détenu sur sept, c’est-à-dire plus d’un million de personnes, souffre de psychose ou de dépression profonde pouvant conduire au suicide, en plus du fait qu’un homme sur deux et une femme sur cinq souffre de troubles de la personnalité, affirment les experts.
Une autre des dénonciations est parvenue de Human Rights Watch quand, il y a un an, les pouvoirs législatifs nord-américains ont été conviés à ne pas permettre l’exécution de retardés mentaux, une pratique qui se poursuit dans 25 États, selon un rapport de cette organisation. En 1989, la Cour suprême des États-Unis avait décrété que l’exécution de personnes retardées n’était pas inconstitutionnelle. À ce moment-là, deux États seulement l’interdisaient, alors que le nombre de ceux qui sont partisans de l’éliminer s’élève maintenant à treize.
Dans le couloir de la mort, des dizaines de malades demeurent dans un état tel qu’ils ignorent quel est leur destin.
ACHARNEMENT CONTRE CINQ CUBAINS
• LES cinq Cubains jugés à Miami auront besoin de plusieurs vies pour purger leurs peines insolites: deux prisons à perpétuité plus 15 ans, pour Gerardo Hernandez Nordelo, qui se trouve dans la prison de Lompoc, en Californie; prison à perpétuité pour Ramon Lebañino Salazar, à la prison Beaumont, au Texas; prison à perpétuité et deux condamnations à cinq ans pour Antonio Guerrero Rodriguez, à Florence, dans le Colorado; prison à vie à Loretto, en Pennsylvanie, pour René Gonzalez Schweret; et plus de 29 ans pour Fernando Gonzalez Llort, envoyé dans une prison du Minnesota. Délits? Lutter contre le terrorisme organisé à partir des États-Unis vers Cuba. Mais les autorités judiciaires les ont jugés pour espionnage.



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